Tuhrag, et les autres.

Pseudo / Nom : Royalus Ripierus. Âge : 21 ans. Comment as-tu connu TOC ? : de mon DC . Un avis, une suggestion ? :   . J'autorise le staff à reprendre mes idées s'il le juge nécessaire pour le bon déroulement du forum. Crédits : VOCIVUS (avatar), chrysalis (icons), DANDELION (icon), prima luce (icons). Petit mot de la fin : faim.

⸹ Tuhrag
Son passé le modula en ce qu'il présentait désormais aux yeux du reste du monde. Kidnappé alors qu'il n'était qu'un enfant de trois à peine, par un couple de djinns dont la volonté était de briser la société pour y établir un état de servitude et de cruauté, il fut éduqué dans une violence sanglante aux côtés de deux autres enfants également volés à leurs familles. Le changeforme dut prouver pendant des années qu'il était digne de vivre, dès son plus jeune âge mis en compétition avec ceux qu'il ne considéra jamais vraiment comme son frère, Zan'ar, un garçon de trois années son aîné, et sa soeur, Kydris, avec qui il avait deux ans d'écart. La haine et la jalousie régissaient leurs relations, chacun essayant par-dessus tout d'être la fierté de leurs ravisseurs — parents —, tentant d'observer la lueur de satisfaction dans leur regard, d'ignorer les conséquences qui s'abattaient pour celui qui terminait à la dernière place. Nombre de fois il prit ces coups qui pleuvaient dès lors qu'il refusait d'atteindre ce point de non-retour, jusqu'à ce jour précis où il dut prendre la décision de mettre un terme à la vie paisible de sa propre famille. Bien trop lâche pour lutter contre ceux qui l'avaient modelé en meurtrier, trop lâche, trop jeune, pour défier la mort qui l'attendait s'il venait à se dresser contre eux, il n'avait pu qu'accéder à leur demande, laissant derrière lui ses premiers cadavres et sa véritable identité. Ce jour-là marqua la fin de Tuhrag Nalik, et même s'il continuait depuis à utiliser ce nom à de très rares occasions, cette appellation perdit tout son sens pour lui.
Ce ne fut que vers ses dix-sept ans qu'il se rebella enfin contre ses parents, mettant à profit tout ce qu'ils lui avaient appris, leur restituant à chaque coup porté toute la haine, le dégoût, la cruauté, la violence, la sauvagerie, l'inhumanité, qu'ils leur avaient enseignés. Aucun de ses frère et soeur n'eut la force, l'envie ou la foi de l'arrêter. Il ne parvint à se calmer que lorsqu'il n'y eut plus assez de peau sur les corps pour frapper encore, que lorsque ses larmes l'empêchèrent de voir où sa lame s'abattait, que lorsque la main fraîche de sa soeur se posa sur sa nuque pour tenter de le ramener. Cet acte était le début de sa liberté, auraient pu croire les plus naïfs. Le début d'une longue vie de douleur, savaient les plus amers. N'ayant rien appris d'autre que donner la mort, et malgré l'assassinat de ceux qui l'avaient fait devenir un monstre, il continua de faire ce qu'il savait faire de mieux, offrant ses services à ceux qui en avaient les moyens pendant de longues années ; beaucoup de nomades le surnommèrent la Psychose, laissant derrière elle une vision de folie. Aujourd'hui repenti de tous ses meurtres, s'étant fait la promesse de ne plus exécuter.

⸹ Tuhrag & Camil
Camil, c'était un nain que le changeforme rencontra durant ses voyages solitaires à travers le continent. Tous deux esseulés, l'un assassin pour les plus généreux, l'autre vivant des bêtes qu'il parvenait à tuer et à vendre, ils s'associèrent au détour d'une amitié branlante et improbable, commencèrent à travailler pour l'un, pour l'autre, ensemble, devenant deux ombres dans la nuit, abattant la mort là où ils passaient. Leur accord devint fraternité au fil des jours, échangeant chopes, ragots, coups d'un soir ; devint liaison au fil des meurtres, échangeant caresses, ébats, coup d'un soir ; devint hostilité au fil de la nuit, échangeant coups, sangs, agonie. Deux ans après leur première rencontre, les deux échangèrent leur premier baiser, leur première couche, trahissant leur confiance affectueuse pour une effusion lascive qui ne laissa ni l'un ni l'autre de glace ni de marbre.
Ce que ne savait pas le plus jeune, c'était que son compagnon jouait double jeu depuis bien des mois. Engagé par des changeformes pour abattre celui qu'on surnommait la Psychose, il attendait juste le bon moment pour tenter son coup, utilisant l'attirance que l'un avait pour l'autre à son avantage. Ce fut à la lueur du petit matin qu'il prit son courage à deux mains pour passer les défenses de son acolyte, encore paresseusement endormi dans le lit d'une nuit, et essayer de le tuer, mais la rage de vivre qui avait poussé le changeforme à tuer sa propre famille le sauva in extremis de la lame qui manqua de peu sa gorge et qui laissa malgré tout une cicatrice encore visible à la lumière du jour. Après un combat qui les laissa tous deux souillés, après une discussion houleuse qui n'en laissa qu'un en vie, celui qui avait côtoyé la mort plus qu'il ne l'aurait voulu exécuta celui avec qui il avait passé la nuit, se jurant, alors que la lame s'enfonçait dans le corps de sa nouvelle victime comme si elle ne faisait face à aucun obstacle, traversant peau et chair, de ne plus faire confiance à quiconque entrerait dans son lit. Pour faire la leçon à ceux qui avaient osé s'en prendre à lui, il prit la peau de Camil et décima les changeformes qui avaient mis cette prime sur sa tête et restauré sa solitude.

⸹ Camil
Camil, c'est aujourd'hui un tanneur. Arrivé à la capitale sous cette peau il y a sept ans de cela, il s'est servi des talents du nain pour s'infiltrer dans le cercle des commerces où il s'est procuré un petit commerce où il reçoit commandes et demandes, où il laisse traîner ses oreilles et où il se montre, étrangement, plutôt doué autant dans les commérages que dans son travail.
Camil, c'est pourtant celui qui lui permet de déployer toute la rage qu'il accumule chaque jour un peu plus en lui. C'est sous ce visage que les habitués de la Corne de Brume le connaissent, sous ces poings que les combattants le discernent, sous cette fureur que tous le jaugent.

⸹ Tuhrag & Kydris
Cette Elfe, le changeforme la croisa à Evrast, au détour d'une bibliothèque dans laquelle elle s'était plongée avec délice dans la lecture d'un ouvrage aussi vieux que le monde, alors qu'il avait atteint sa vingt-troisième année. Cultivée et distinguée, elle semblait être le parfait modèle de l'éducation strice qui lui avait été inculquée, mais seuls les plus naïfs pouvaient manquer d'apercevoir le manche qui dépassait de sa botte. Elle, c'était la fille auprès de qui la Psychose avait grandi. Tous deux kidnappés par les djinns à quelques mois d'intervalle, élevés comme des porcs aux côtés d'un autre enfant plus âgé répondant au doux nom de Zan'ar, ils furent éduqués ensemble, durent tuer ensemble, jusqu'à la mort de leurs cerbères qui marqua leur séparation brute et nette. Chacun prit un chemin différent, l'un partit de son côté avec des ombres ténébreuses dans le regard, l'autre le talonnant, le dernier encore secoué prenant une direction plus solitaire. Devenue gardienne de la cité, assassin de l'ombre, un mince tissu recouvrant le bas de son visage lorsqu'elle sortait pour protéger la ville, elle était connue pour ses deux longues lames qu'elle utilisait pour mettre un terme aux vies de ceux qui menaçaient la paix d'Evrast. Sa vie semblait avoir pris un cours plutôt normal pour une femme rompue à la violence, mais vint le jour où elle commit une erreur. Abandonnée par son frère aîné sans une explication, elle parvint quelques années plus tard à le retrouver, mais provoquant chez lui une colère noire qui marqua le début de sa fin. Ce fut à son jeune frère qu'elle implora de l'aide lorsque leurs chemins se croisèrent pour la première fois dans cette cité, une aide qu'il lui fut impossible de refuser. Ils parvinrent à la cacher pendant près de quatre mois de fuite, prenant le large loin de la ville, loin des habitations, loin de toute vie, avant que le plus âgé ne parvienne à les retrouver et à atteindre son but. C'était probablement le plus froid, le plus cruel du trio que les djinns avaient créé, qui surpassait durant leur enfance les deux autres à chacun des concours, des défis, des compétitions. Toujours plus sanguinaire, toujours plus combatif, il avait été la fierté des djinns et avait voué une haine viscérale au changeforme quand celui-ci les avait tués.
Le jour où il tua leur soeur, Zan'ar abandonna un frère gravement blessé, supposant à tort qu'il ne pourrait jamais y survivre, avant de voler la peau de l'Elfe et de disparaître de nouveau. Il fallut bien des jours au plus jeune pour se remettre de ses blessures, mais de sa haine, le temps ne fut pas clément. Il retourna à Evrast à la recherche de son frère pour récupérer la peau et s'assurer qu'il ne pourrait plus jamais l'atteindre, mais il découvrit à la place que la peau de Kydris avait été vendue à un commerçant peu scrupuleux qui tentait de la refourguer pour ne pas avoir les institutions au cul. S'il ne retrouva jamais l'assassin, il prit néanmoins le plus grand soin à supprimer tous ceux qui avaient eu le malheur de croiser la route de l'aîné, passant du plus naïf des domestiques jusqu'au plus ignoble des bourgeois, récupéra la peau et laissa derrière lui une cité avec un message pour Zan'ar.

⸹ Kydris
Cette Elfe, c'est aujourd'hui la peau qui lui sert le plus pour travailler en tant que Chimère. Choisir quels voleurs feraient les recrues idéales pour rejoindre les rangs du Serment est devenu un labeur routinier grâce à la beauté envoûtante de Kydris qui lui permet non seulement de surveiller et observer à loisir les faits et gestes de ceux qui voudraient devenir des Ombres, mais aussi de se faire passer pour ce qu'il ne sera jamais.
Cette Elfe, c'est aux yeux des habitants de la capitale une noble, lointaine cousine adoptive de ce riche marchand d'alcool, certes peu compétente dans les affaires d'Etat, peut-être trop crédule et niaise face à ces requins manipulateurs qui contrôlent les prises de décisions, mais qui aimerait mettre la main à la pâte et participer de près ou de loin à la protection de la cité...  

Cette histoire.  

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