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 don't go away yet (myrhimbod)

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Myria An'Melhor
Myria An'Melhor

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✧ Idéologie : (pro-couronne) c'est grâce à cette dernière qu'elle peut vivre sa vie convenablement. s'il devait y avoir une révolte, elle aurait la tête coupée, alors autant soutenir le bon camp.

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MessageSujet: don't go away yet (myrhimbod)   don't go away yet (myrhimbod) Empty20/08/19, 01:17 am

Elle lui a sauvé la vie. Et pour ça, tu lui en seras éternellement reconnaissante. Après que Calythylia ait stabilisé son état en lui administrant l’antidote au poison qui avait pénétré ses chairs et en recousant la plaie béante de son flan, Athimbod avait pu être transporté. La garde n’avait pas mis longtemps à arriver, sécurisant le périmètre autour de la maison tandis que la guérisseuse continuait son travail. Des soldats avaient fouillé les corps des malfrats, cherchant à savoir si toute cette histoire avait été orchestrée par plus grands, ou si c’était dû à un pur hasard. Tu savais que c’était qu’une coïncidence. Qu’ils n’avaient pu t’atteindre que parce que tu avais fait l’erreur de te mettre en danger. De fondre dans la foule sans protection, courant après ton garde du corps qui venait de démissionner. Hors on retrouva sur un des corps une lettre. Une sorte de contrat. Ta tête avait été mise à prix. Une révélation qui te glaça le sang. Ce n’était donc pas un si gros hasard que ça. Ils devaient te surveiller depuis plusieurs jours, attendant le bon moment pour attaquer… C’était à n’y rien comprendre.

L’information avait rapidement circulé. Elle devait être dans la bouche de tous les nobles avant même que vous n’arriviez devant le portail de la demeure An’Melhor car beaucoup attendaient derrière les grilles. Rideaux tirés, tu avais veillé à ce que personne ne voit ton garde du corps dans cet état et l’avais installé dans sa chambre à l’abri des regards indiscrets. De là des elfes de jour avaient pris le relai de Calythylia, usant de leur magie durant plusieurs heures pour consolider les plaies. Si, après une journée entière de travail, l’état d’Athimbod ne préoccupait plus personne, il restait un sujet délicat que tu refusais d’aborder encore pour le moment. Il saura le temps voulu. Athimbod fut plongé durant plusieurs jours dans le coma, les drogues le maintenant endormi le temps qu’il reprenne des forces et qu’il récupère après tout le sang qu’il avait perdu et le poison qui l’avaient affaibli.

Tu l’avais veillé, nuit et jour, laissant grand ouvert les portes séparant initialement vos deux chambres pour annexer la sienne. T’avais fait installer un fauteuil à son chevet, pouvant ainsi te reposer tout en gardant un œil sur lui. Au commun des mortels tu avais prétexté que c’était pour te racheter. Que tu te devais de veiller sur lui autant qu’il avait veillé sur toi. Ce qui était la vérité, c’est vrai. Tu culpabilisais beaucoup de l’avoir sciemment mis en danger et de l’avoir obligé à s'exposer, voire à risquer sa vie, pour sauver la tienne. Tu te sentais redevable, et rester auprès de lui était la moindre des choses. Mais y’avait pas que ça, et ça tu le savais très bien. Le perdre t’avait fait ouvert les yeux sur la puissance de tes sentiments et sur le fait que tu ne supporterais pas de le perdre. Il avait failli mourir ce jour-là, et même s’il ne risquait plus rien, il garderait quand même des séquelles de ce cauchemar. Et pour ça, ta culpabilité était grande.

C’est l’estomac noué que tu l’observes se reposer, tes doigts mêlés aux siens lorsque vous n’êtes que tous les deux. Tu as congédié tous les domestiques et elfes de jour, leurs présences n’étant plus nécessaires. Athimbod va bien, il lui faut juste encore un peu de temps pour que son corps finisse de se remettre et qu’il se décide à se réveiller. Et quand ça sera le cas, et bien tu te dois d’être là. Au plus près de lui. Qu’il soit la première personne qu’il voit à son réveil. Qu’il sache que t’étais là pour veiller sur lui, pour prendre soin de lui. T’appréhendes, le moment où il ouvrira ses yeux, autant que tu l’attends avec impatience.

T’as fini par t’endormir, assise dans ton fauteuil mais avec la tête posée près de sa main. Sentir la chaleur de cette dernière te rassure, tout comme entendre sa respiration régulière. Il s’agite, et c’est sans doute ça, au final, qui te tires de ton sommeil. Tu fais peine à voir, avec ta coiffure hirsute et tes cernes qui font dix mètres de long. Mais c’est pas le plus important, n’est-ce pas ? Machinalement, tu te redresses et t’étires, portant un regard ensommeillé vers Athimbod. Qui a ouvert les yeux et qui te regarde. « , que tu souffles, un petit sourire éclairant ton visage. Il s’agite, semble vouloir se redresser mais grimace. Du calme, tu es en sécurité. Tu es dans ta chambre. Il regarde autour de lui, constate que tu dis la vérité et se radoucit. Tu gardes sa main dans les tiennes, la caressant doucement pour le rassurer. T’as dormi pendant plusieurs jours. Comment tu te sens ? » T’espères qu’il n’ait plus mal. Qu’il soit remis sur pied. Et fin prêt à entendre ce que t’as à lui annoncer.


Dernière édition par Myria An'Melhor le 22/08/19, 12:05 am, édité 1 fois
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Athimbod Nimrithel
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DON'T GO AWAY YET
I'm not going anywhere anymore ft @Myria An'Melhor
Ses paupières s'agitent depuis des jours dès lors que l'effet des drogues s'estompent. Si elles ont peuvent s'ouvrir à plusieurs reprises, il ne reprend jamais totalement conscience ou, du moins, veille-t-on à ce qu'il reste sous sédatifs encore un temps. Les elfes de jour le jugent nécessaire, et son mentor le recommande sûrement, ne connaissant que trop bien son apprenti et cette vilaine ténacité qui aurait tôt fait de le sortir de son lit.
Lorsqu'il entrouvre les yeux, il trouve toujours cette lumière qui le réchauffe et qui lui donne l'envie de s'éveiller encore un peu plus, mais les ombres dansant derrière elles ne sont pas de cet avis. Elle le maintiennent dans sa léthargie, le poussant à faire appel à Yngz pour tenter de l'atteindre, de l'appeler, de lui demander si c'est bien elle, mais il n'est même pas certain d'y parvenir et, si tant est que son appel soit entendu, il n'a même pas la force d'en entendre la moindre réponse.
Il en entend, des voix, pourtant. La sienne, qui l'accapare le plus même lorsque ses yeux restent fermés, et celles des autres. Il en entend des inquiètes, des confiantes, des étonnées qu'elle s'évertue à rester là, auprès de cet homme qui a autant de valeur, sinon moins, qu'un animal de compagnie. Il l'a entendue, cette voix qu'il n'a pas reconnue. Et il ne sais pas s'il doit lui donner tort ou raison.

Les jours passent et ses rêves aussi, toujours hantés par ce même visage. Ils sont tantôt calmes et apaisants, tantôt mouvementés et bien trop fidèle à ce qui l'a amené là. Comme celui qu'il fait aujourd'hui. Il revoit ces deux hommes, les voit fondre sur elle sans qu'il ne puisse rien faire. Il voit leurs ombres l'envelopper pour la faire disparaître et il hurle de n'avoir pas pu les en empêcher.

Ses yeux azur s'ouvrent brusquement sur un plafond qu'il ne connaît que trop bien et dont il parvient, enfin, à distinguer chacun des traits. Son cœur tambourine contre son torse et sa respiration saccadée témoigne de l'intensité de cette vision de ce qui aurait pu se passer. Il fouille dans ses souvenirs, mais ne distingue plus rien de clair depuis qu'il a senti la nuque de son ennemi se briser sous sa volonté. Depuis, tout n'est que mirage aux interprétations floues, visions clairsemées, sans doute en grande partie provoquées par Eirr la grande, ornant la plus grande partie du pectoral droit de son torse en sueur suite à l'effroi ressenti. Ses yeux se baissent et aperçoivent une crinière blonde qu'il ne connaît que trop bien, lui faisant manquer un battement et s'agiter de plus belle. Il veut la voir, s'assurer que c'est bien elle, qu'elle n'a rien.

Les traits de Myria se dessinent enfin nettement devant lui, l'agitant de plus belle alors qu'il veut se redresser, l'approcher, s'assurer qu'elle n'est pas qu'une vision de plus et ce, malgré cette douleur familière à l'abdomen. Mais sa voix, son aura, le calment doucement et le Greyhand retombe sur son oreiller. Ses yeux se ferment brièvement lorsqu'elle lui parle alors qu'il comprend chacun des mots qu'elle prononce. Il l'a retrouvée, enfin. Et ses lèvres s'étirent dans un sourire satisfait, presque amusé lorsqu'il lui répond d'une voix rauque.

❝Comme quelqu'un qui se serait fait rouler dessus et qui trouve que l'au-delà ressemble quand même sacrément à sa chambre.❞

Son ton se veut léger, mais ses mots en disent long sur ce à quoi il s'attendait de cette confrontation avec ces hommes. La Mort ne l'impressionne plus après qu'il ait été prête à la rejoindre pour la détourner de Myria. Mais, visiblement, la Faucheuse en a décidé autrement. Ou bien l'au-delà ressemble vraiment à sa chambre et la Mort s'est montrée généreuse en lui offrant l'image de sa duchesse. Athimbod préfère considérer la première option.

❝Je vais bien.❞ Ment-il alors que sa plaie le tiraille et qu'il ne sente pas son bras gauche. Mais il ne veut pas paraître faible, pas devant elle. Il veut qu'elle sache qu'il aura toujours la force de veiller sur elle. Mais ce n'est pas totalement faux non plus. La voir ainsi à son réveil, c'est tout ce qu'il lui faut. ❝Mais je suis pas sûr que tout ça soit vrai. Une duchesse à mon chevet ? C'est quand même improbable.❞ Mais il prie pour qu'Eirr ne se joue pas de lui. Cherchant la réalité, sa main droite s'empare, doucement, de celle posée à côté d'elle pour l'enserrer sans se soucier de tout ce qui l'interdit, de tout ce qu'il remet à plus tard. Pour le moment, il la retrouve et c'est tout ce qui compte.


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Ça te fait du bien, de voir qu’il est réveillé. Tout de suite y’a un poids qui s’enlève de tes épaules. Mais y’a toujours cette boule au creux de ton ventre qui persiste. Suivie de près par un frisson qui t’hérisse l’échine. T’es contente qu’il ait ouvert les yeux, vraiment. Mais d’un autre côté, t’es pas prête pour la suite. Pour ce que t’as à lui annoncer. Alors non, malgré le fait que tu lui souris et que tu sois soulagée, t’en gardes pas moins des traces d’anxiété. Et s’il s’énervait ? Et s’il te rejetait ? Après tout, ça serait normal qu’il t’en veuille. Qu’il t’envoie son oreiller, si ce n’est sa main, en pleine figure et qu’il te balance tes quatre vérités en face. C’est de ta faute, toute cette histoire. Ta faute, ta responsabilité. Et tu vas devoir vivre avec pour le restant de tes jours. Tout comme lui avec les conséquences.

Y’a un petit rire, tout de même, qui s’échappe d’entre tes lèvres quand il te répond qu’il a l’impression de se croire dans l’au-delà. Mine de rien ça a le don de te détendre légèrement et de te sentir un peu plus sereine. « Assez impersonnel, comme sanctuaire pour l’éternité, je suis d’accord. Petit haussement d’épaules tandis que, taquine, tu rentres dans son jeu. Si c’était vraiment l’au-delà, j’pense que tu te serais réveillé les pieds dans le sable avec une bouteille de rhum dans les mains. Et moi loin de toi. Clin d’œil malicieux. Combien de fois est-ce qu’il t’a dit que vivre loin de toi serait la meilleure chose qui pourrait lui arriver quand vous vous disputiez ? Histoire que t’ais une vision vraiment paradisiaque. » Tu sais pas trop si c’est comme ça qu’il définirait le paradis. Probablement que tu te trompes, d’ailleurs, Athimbod n’ayant jamais révélé les endroits où il se sentait bien. Ne parlant pas vraiment de lui, en même temps, difficile de l’appréhender.

Il va bien, et ça te réchauffe le cœur autant que ça l’apaise. Sa deuxième réflexion te fait serrer tes mains plus fort contre la sienne. Alors comme ça, il a du mal à y croire ? C’est comme lors de cette fameuse nuit. « Tu vois une Duchesse ? Où ça ? Tu arques un sourcil, regardant à droite et à gauche. Tu ne veux pas être cette Duchesse là aujourd’hui. Ni aujourd’hui ni jamais. Pas avec lui en tout cas. Tu m’as fait une belle frayeur, l’autre jour. Ton ton qui redevient sérieux. J’ai bien failli te perdre et je- Ta voix qui se brise tandis que tu sens les larmes monter. Ton regard qui se déporte de celui d’Athimbod pour fixer vos mains jointes. Tu la lui attrapes, la soulèves légèrement pour la porter contre ton cœur, puis la reposes doucement. Je veux plus jamais avoir à revivre ça. » C’était le pire jour de ta vie, et de loin. Jamais tu ne t’en étais fait pour quelqu’un d’autre que toi, et ça t’a fait tout drôle.

Une larme qui coule le long de ta joue, qui tu essuies rapidement d’un revers de la main avant de la reposer contre celle d’Athimbod. « Enfin bref. Tu prends une grande inspiration, fixant le plafond pour essayer de retenir ses sœurs de dévaler. Tu mets plusieurs secondes à reprendre contenance, et quand tu le fais, c’est toujours avec un regard larmoyant, mais contenu. La lame qui t’a lacéré était empoisonnée, c’est pour ça que tu dois garder un souvenir flou de ce qu’il s’est passé. Ce n’était pas un hasard si ces hommes s’en sont pris à moi, quand les gardes ont fouillé les corps ils ont trouvé un contrat. Il y avait une prime pour quiconque tuait la Princesse An’Melhor. Ils devaient nous suivre depuis un petit moment et ils avaient tout prévu. Le poison, le chien... Ils savaient qu’Athimbod était un Greyhand et qu’il serait difficile de le mettre hors d’état de nuire. Mais ils t’ont sous-estimé, fort heureusement... Et ça leur a coûté très cher. Ils ont osé touché à un de mes cheveux, et  ils n’auraient pas dû, que tu conclues avec un rire léger pour tenter de détendre l’atmosphère et finir sur une note un tant soit peu positive. »

Tu laisses s’écouler quelques secondes, le temps qu’il assimile tout ce que tu es en train de lui dire. Tu préfères ne pas rentrer dans les détails, car peut-être le souvenir de cette journée est encore trop fraiche et douloureuse dans sa mémoire. Il a failli mourir, et lui rappeler sans cesse n’est probablement pas la meilleure chose à faire. N’étant pas vraiment prête à parler du sujet qui fâche et qui te fait si peur, tu préfères par enquiller sur un sujet bien plus favorable. « Ma mère compte te l’annoncer lors d’une fête qu’elle organisera à ton honneur quand tu iras mieux, mais je préfère que tu l’apprennes de ma bouche. Tu laisses planer un suspens, avant d’ajouter. Ce n’est pas encore officiel, mais je sais de source sûre que tu vas être promu Chevalier. Tu sondes sa réaction, espérant qu’il en soit honoré et tout aussi ravi que toi. Chevalier Nimrithel, ça sonne bien, tu trouves pas ? Tu hausses un sourcil, curieuse de connaitre son avis sur le sujet. Bon, par contre, quand le moment sera venu il faudra mimer la surprise. Je compte sur toi. » C’est un grand honneur d’être nommé Chevalier, mais il le mérite amplement, pas vrai ? Après tout, il a sauvé la vie de la seule héritière du Duché du Sud, et c’est pas rien aux yeux des An’Melhor. Alors oui, ils ont bien des défauts, mais ils savent être reconnaissant envers ceux qui leur sont loyaux, ça c’est indéniable.
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Athimbod Nimrithel
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DON'T GO AWAY YET
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Elle partage son sourire, élargissant celui qu'il arbore sans retenue, comme il l'a trop rarement fait, même dans les rares occasions où il aurait pu se le permettre en se trouvant seul face à elle. Cette retenue, il l'a toujours maintenue, excepté durant cette étrange nuit qu'ils ont semblé tous deux vouloir effacer de leurs mémoires, se gardant d'être trop familier avec elle, autrement que par le biais de remarques et piques face auxquelles Myria a toujours su faire preuve de répartie. C'était là le seul moyen qu'il avait pour se sentir près d'elle sans avoir peur de se brûler comme il l'a fait un an plus tôt.
Sa main se resserre, encore, sur celles de la jeune femme, les caressant de son pouce dans un geste étrangement naturel, bien qu'unique. Son sourire disparaît lorsqu'elle évoque une vision d'Eden sans elle, et ses lèvres se pincent alors qu'il se retient de lui affirmer le contraire, se contentant simplement de renforcer l'étreinte de ses doigts. Les récents événements n'en ont peut être pas l'air étant donné son rôle de garde du corps, mais ils sont bien la preuve qu'il refuse de la perdre, autrement qu'en la protégeant.

Elle cherche une duchesse qu'elle ne trouve pas, rendant un semblant de sourire au Greyhand qui a toujours su que ce titre est bien loin de la représenter. S'il a pu la voir comme une gamine capricieuse et trop gâtée à son arrivée, il a bien vite cerné la véritable nature de la jeune femme, jusqu'à s'en éprendre aveuglément. Lorsqu'il s'agit d'elle, le peu de raison qu'il possède s'envole aussi facilement qu'un fétu de paille à la moindre bourrasque, et il lui est arrivé bien des fois de corriger, à l'abri des regards mais pas de ses poings, quelques individus à la langue trop bien pendue à son sujet. Puis le ton reprend son sérieux.

Athimbod plisse les sourcils d'inquiétude devant elle, se prend presque à culpabiliser d'avoir agi ainsi mais se rappelle bien vite que c'était là la condition à sa sécurité.

❝Hé...❞ Il se redresse, maladroitement, sur les oreillers entassés derrière son dos, cherchant à s'approcher encore un peu plus de Myria sans y parvenir autant qu'il le voudrait, la fatigue et la douleur se rappelant bien vite à lui. Il lui serre la main, encore, lui signifiant ainsi qu'il s'accrochera toujours, qu'il ne la lâchera jamais. ❝C'est derrière nous maintenant, tout est rentré dans l'ordre...❞ Ou, du moins, c'est ce dont il essaie de se persuader alors que sa main, venue caresser la joue humide de Myria, lui prouve le contraire. Il essaie encore de se convaincre que tout sera comme avant alors qu'il n'a jamais eu les yeux aussi grand ouverts. Cette épreuve a montré jusqu'où il est prêt à aller, pour elle, et la valeur inestimable qu'elle a, à ses yeux. Elle n'est pas seulement celle qu'il a appris à connaître, à respecter et à admirer durant toutes ces années, elle est aussi celle dont la seule présence l'a dissuadé de sombrer, l'a maintenu à flot quand le néant l'appelait. Ses lèvres s'entrouvrent alors qu'il s'apprête à le lui dire, à lui avouer qu'il n'aurait suivi aucune autre lumière que la sienne, mais elles se referment lorsqu'il entend ce par quoi on l'appelle déjà. "Princesse An'Melho", voilà que la réalité le frappe aussi sûrement que cette hache sur son bras, lui rappelle sa place et celle de Myria qui tente d'alléger l'atmosphère.

❝Ils n'auront pas eu le temps de le regretter.❞ Lâche-t-il à l'évocation des fautifs ayant voulu s'en prendre à elle, ayant à peine la force de cacher l'amertume dans sa voix. Elle a raison, ses deux victimes ont beau avoir anticipé sa force et celle de ses runes, ils ont cruellement sous estimé sa volonté et sa loyauté sans failles à Myria à qui ils ont fait l'erreur de s'en prendre. Erreur qui leur en aura coûté la vie.

Athimbod se joint au silence sans rompre une seule seconde ce contact avec elle, celui qu'il n'est pas sûr de retrouver mais qui lui paraît tellement juste en cet instant qui n'appartient qu'à eux. Il voudrait trouver un moyen de l'étendre, de l'étirer jusqu'à l'infini pour que, plus jamais, elle ne lui soit inaccessible, pour que, toujours, il puisse lui tenir la main sans crainte ni de fauter, ni d'être rejeté. Si elle craint de lui rappeler sa danse avec la Mort, lui craint davantage de retrouver cette douloureuse situation dans laquelle ils se trouvaient avant qu'ils ne quittent la boutique de spiritueux. Dans un soupir, il chasse cette idée de son esprit, tentant au moins de profiter du temps qu'il leur reste et qui ne leur reviendra, sûrement, jamais. Ses doigts se glissent entre ceux de Myria tandis que ses yeux les observent, n'y voient qu'une évidence dont on ne peut les blâmer, pas même cette duchesse qui, visiblement, a déjà des projets le concernant.

Voilà que l'amertume se dissipe pour laisser place à une surprise certaine, lisible dans ce regard qu'il reporte sur le visage de Myria. Depuis quand la Duchesse en titre se préoccupe-t-elle du petit personnel ? Et puis il comprend, y voit une occasion de plus pour la matriarche de faire étal de sa puissance et de ses richesses en organisant une énième réception susceptible d'être teintée de vices, comme toutes les autres, excepté que, cette fois-ci, il est prévu qu'Athimbod en soit l'élément central alors qu'il n'a, jusqu'ici, fait que rester dans l'ombre pour garder un œil sur sa protégée.

❝Chevalier ?❞ Ça, pour le coup, il ne l'attendait pas, et son faciès parle pour lui. C'est l'étonnement qui y est lisible, d'abord, puis ses lèvres s'étirent dans un fin sourire qui s'élargit, de plus en plus, avant qu'il n'éclate d'un rire aussi nerveux que sincère. Les larmes lui montent aux yeux et ses doigts s'arrachent brusquement de ceux de Myria pour venir se plaquer contre son flanc douloureux sans qu'il ne puisse, pour autant, s'arrêter. ❝Excuse moi, c'est que...❞ Athimbod inspire profondément, tentant de calmer sa respiration, son torse se trouvant encore pris de quelques sursauts lorsqu'il retrouve cette main qu'il serre doucement. ❝Je m'y attendais vraiment pas...❞ En voilà, un pieux mensonge. Ce n'en est pas totalement un pour autant, sa surprise est franche et le Greyhand ne se serait jamais attendu à pareille attention de la part de la matriarche An'Melhor. Mais ce qui l'a emporté ainsi, c'est cette autre émotion qu'il a ressentie en entendant ce titre que l'on compte lui offrir : l'indifférence. Lui qui s'est toujours donné pour seule ambition que d'atteindre le prestigieux rôle de Garde Royal, n'éprouve rien d'autre que de l'indifférence à celui de Chevalier qui, des années plus tôt, l'aurait enflammé. Sans chercher à savoir s'il le mérite ou non, ce titre qui ferait pâlir de nombreux frères d'armes, Athimbod se rend compte à quel point tout ce qui l'aveuglait avant est passé au second plan. Celle qui l'aveugle aujourd'hui, c'est celle qu'il regarde, les yeux encore luisant de quelques larmes. Sa vie à elle vaut bien plus que tous les titres dont on pourrait lui affubler, et leur proximité n'a pas de prix.

❝C'est vraiment...❞ Il inspire une nouvelle fois, pressant encore la main délicate dans la sienne. ❝J'apprécie l'attention, vraiment,❞ feint-il alors qu'il envisage, déjà, de ne pas se rendre aux festivités où il sait, déjà, qu'il n'a pas sa place, lui triton des bas-fonds. ❝Mais c'est pas nécessaire, je n'ai fait que mon boulot...❞ ajoute-t-il tout en contradiction, ses doigts entremêlés avec ceux de Myria lui jurant qu'il aurait agi de la même manière dans n'importe quelle circonstance, garde du corps ou non, et ses mots s'échappant de sa gorge serrée lui avouant sa faute. ❝J'ai vraiment cru te...❞ Ses yeux se posent quelques secondes sur leurs mains, le galvanisant de cette assurance qu'il n'a jamais encore eue, de ce sentiment de justice que de voir les choses telles qu'elles devraient être. Ces mots qu'ils se sont échangés dans cette petite échoppe n'ayant fait que mettre la lumière sur ce qui les lie, il n'arrive pas à le nier en sentant cette douce chaleur dans sa paume. Son regard remonte, se pose dans celui de l'héritière, ont perdu leurs larmes et leur amusement, ne sont plus qu'affection et sincérité. ❝Je pouvais pas te perdre Myria...❞ Mais ça, si la matriarche l'apprenait, ses intentions à son encontre auraient une toute autre saveur.


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Tout est rentré dans l’ordre. Si seulement c’était possible. Seulement envisageable. Oui, vous êtes sains et saufs. Mais pas entier pour autant. Enfin, pas pour lui. Y’a ton regard qui se braque dans sa direction devant ses paroles. Ta bouche qui s’ouvre comme pour essayer de le contredire. Et puis y’a la peur, encore et toujours, qui refait surface et qui te bloque. Tu restes là, à l’observer. À hésiter. Pendant trop longtemps. Non, ce n’est pas le bon moment. Mais est-ce qu’il y en aura seulement un ? Quoi que tu dises, quoi que tu fasses, l’inévitable arrivera, tôt ou tard. Et si ce ne sont pas par le biais de tes mots, alors ça sera de par ses gestes. Peut-être s’en est-il déjà rendu compte, d’ailleurs ? Non, pas encore. T’aimerais que jamais ça ne soit le cas. Mais tu ne peux pas te résoudre à faire l’autruche éternellement. Dans tous les cas, tu optes encore une fois pour la lâcheté et pour le silence, refermant cette bouche qui voulait trop en dire. Plus tard, que tu te promets.

Sa main qui vient caresser ta joue tout comme son pouce qui caresse lentement ta peau. Avec tendresse tu noues ton regard dans le sien, penchant ton visage pour mieux profiter de sa caresse. Tu fermes durant un instant les yeux, ton cœur se gonflant dans ta poitrine. Tout ça pour ça. Pour qu’après toutes ces années de silence, et plus récemment ces mois de souffrance, vous finissiez par vous avouer ce que vraiment vous ressentez l’un pour l’autre. Mieux vaut tard que jamais. Et vous êtes passés plus près du jamais que tu l’aurais voulu. Tu profites de l’instant, souhaitant que cet instant s’étire pour durer une éternité. Que jamais vous n’ayez à quitter cette bulle qui vous entoure et vous protège. Que ces histoires d’épaule ou encore de mariage avec Nikolaï soient loin derrière vous. Que vous puissiez vivre votre amour en paix, sans avoir à vous soucier des regards des autres. Que tu ne sois plus cette Duchesse du Sud, mais juste cette gamine qui s’est éprise de cet homme qui lui a sauvé la vie. Si seulement ça pouvait être aussi simple, aussi facile.

L’amertume qui se sent dans sa voix quand il évoque la mort des deux assaillants te laisse un frémissement, bien vite dissipé par l’annonce que tu viens de lui faire. Il ne faut plus penser au passé, mais plutôt se tourner vers l’avenir. Vers les bonnes choses qui l’attendent, sa nomination en tant que Chevalier étant en tête de liste. Tu connais assez bien Athimbod pour savoir qu’il a toujours été ambitieux, et que ce titre serait un honneur pour lui. Son rêve d’intégrer la garde royale n’en serait plus proche, à présent. Et puis cela lui donnerait un nom, un statut. Une réputation. Il ne serait plus le simple garde du corps de Myria An’Melhor. Il serait quelqu’un. Et ce sans avoir à épouser une noble. Il l’a amplement gagné, cette récompense. À la sueur de son front et à son courage. Parce qu’il n’a pas baissé le regard, quand le danger s’est présenté. Bien au contraire. Il l’a affronté la tête haute et le dos droit, quitte à embrasser la Mort au passage. Être prêt à se sacrifier pour sauver une vie, si ça c’est pas l’acte le plus héroïque qu’il soit…

Il rit. D’un rire surpris, sincère. Y’a les larmes qui lui montent aux yeux et qui se joignent aux tiennes. Forcément, qu’il est content. Qu’il est honoré. Tu sursautes légèrement quand il vient plaquer ses mains contre son flanc. Tu comprends que rire est douloureux, mais il ne s’arrête pas pour autant. Alors y’a ton rire qui se joint au sien. Pur et innocent. Réellement ravi pour lui. Il finit par se calmer et par nouer de nouveau ses doigts entre les tiens, retrouvant son sérieux. Alors comme ça, il ne s’y attendait vraiment pas ? Tu lèves légèrement les yeux vers le ciel, étonnée qu’il puisse penser ça. Ce n’est pas tous les jours, qu’on se retrouve à devoir sauver une Duchesse. Alors il ne faut pas qu’il s’en retrouve surpris, bien au contraire. Parce qu’il le mérite amplement. Il t’avoue ensuite que ce titre n’est pas nécessaire. Qu’il n’a fait que son boulot. Si aux yeux du reste du monde c’est en effet l’image que ça donne, lui et toi savez qu’au fond il n’en est rien. Que son sacrifice n’était pas qu’à cause de son travail. Tu souris doucement quand il ajoute qu’il ne pouvait pas te perdre. « Et grâce à toi, je suis toujours là, que tu lui réponds avec tendresse, une de tes mains quittant la sienne pour venir hérisser ses cheveux puis descendant le long de sa joue. Je t’en serai toujours reconnaissante pour ça, tout comme ma famille. Ton sourire qui s’agrandit tandis que tu te lèves légèrement pour venir te pencher au-dessus de lui et pour déposer un baiser sur sa joue. Tu mérites amplement ce titre alors ne te sous-estime pas. Tu seras le premier Chevalier Sirène, ton père sera fier de toi. Tout comme moi, que tu conclues, comme pour lui faire comprendre qu’il ne peut décidément pas refuser un tel privilège. »

Et puis il y a le déclic. L’idée qui s’impose dans ton esprit. Tu ne peux plus continuer à faire comme si de rien était. À lui cacher cette vérité que t’aimerais pourtant taire encore un peu. Ton regard qui se durcit alors qu’un silence plane. « Il faut que je te dise quelque chose. Tout comme ton timbre de voix qui devient plus grave. T’as la gorge nouée et tu ne sais toujours pas comment lui annoncer la chose. Parce qu’il n’y a aucune bonne manière de le faire. Ton bras… Tu le pointes du regard, inerte de l’autre côté du lit. Quand tu as arrêté le coup de hache avec ton armure, la violence du choc n’a néanmoins pas pu empêcher ton os de se briser en nombreux éclats, sectionnant un nerf au passage. Les elfes de jour ont essayé de tout réparer, en vain. Il est paralysé. Je suis tellement désolée… » Ils ont drainé toute leur énergie magique en essayant, encore et encore. Mais peut-être qu’Athimbod pourra faire quelque chose ? Même si tu en doutes, t’as encore l’espoir futile que ça marche.  
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Athimbod Nimrithel
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DON'T GO AWAY YET
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Aux derniers mots qu'il prononce, les doigts d'Athimbod se crispent entre ceux de l'héritière, les enserrant plus encore comme pour lui confirmer, lui affirmer qu'elle est bien là, que sa plus grande crainte ne s'est pas réalisée, qu'il ne l'a pas perdue. Sa gorge s'est nouée sur les dernières syllabes, son regard s'est obscurci à l'idée que ça ait failli se passer, qu'à quelques secondes près, il ne l'aurait pas entendue l'appeler, il n'aurait pas vu ces hommes, il aurait continué d'avancer en s'efforçant de la haïr, pour ne plus jamais se le pardonner ensuite. Cette seule idée détourne son regard, le rendant un instant incapable de soutenir celui de Myria dont il n'ose imaginer le sort qui lui aurait été réservé s'il avait failli à sa mission. S'il lui avait failli, à elle.

C'est la chaleur de cette paume sur sa joue encore légèrement contusionnée qui le rappelle à elle, ravive cette flamme dans les yeux qu'il plante dans ceux qu'elle pose sur lui. Elle se trompe, c'est à cause de lui qu'elle aurait pu ne plus l'être. Mais l'intensité de ce moment qui leur est offert choisit de le lui faire oublier, pour un temps. Il s'appuie contre cette main que celle qu'il a de libre aurait saisie, s'il l'avait sentie, laissant sa jumelle de droite presser doucement celle à laquelle elle demeure liée.
Les yeux du Greyhand se ferment lorsque ces lèvres dont il se souvient encore le goût viennent lui caresser la joue. Un soupir mêlant autant le soulagement et la frustration lui échappe à cette proximité qu'ils n'ont jamais eue depuis qu'il pensait la rêver, et son visage se tourne, légèrement, vers celui de Myria pour faire s'effleurer leurs joues, juste un peu. Quel mal peut-il y avoir à ça ?
Il savoure ces mots qu'elle prononce, moins par fierté que par plaisir de les sentir glisser sur sa tempe avant qu'elle ne reprenne place à côté du lit. Le sourire qu'il lui adresse alors est fade, bien loin de celui qu'il aurait pu avoir s'il avait ressenti le moindre enthousiasme. Pas qu'il n'apprécie pas ses encouragements, cette fierté qu'elle ressent pour lui, bien au contraire, celle-ci l'atteint en plein cœur. Mais l'amertume qu'il ressent en se sachant si détaché, et si peu méritant, le rend peu réceptif. Car, s'il le mérite par cet "acte héroïque" que tout le monde doit voir à présent, il sait que ça, cet instant qu'ils partagent, cette envie qu'il a de retrouver sa joue contre la sienne, ça n'a rien de chevaleresque, et ça lui vaudrait très certainement la mise à pied définitive, si ce n'est le cachot.

❝Je peux pas accepter...❞

Sans doute a-t-il seulement l'air de ne parler que pour lui, car les yeux de l'héritière du Sud se durcissent brusquement. Un pincement d'inquiétude enserre la poitrine du triton qui voit, déjà, leur bulle éclater et la réalité revenir à eux comme un véritable raz de marée de concessions, de sacrifices, de faux-semblants et de frustration. Il l'entend, déjà, lui rappeler que le mariage approche, qu'elle appartiendra bientôt à un autre, si ce n'est pas déjà le cas. Il s'attend, déjà, à apprendre qu'il n'aura plus sa place à ses côtés lorsqu'ils auront chacun acquis un titre différent, elle épouse et lui chevalier. Mais c'est tout autre chose qu'elle lui annonce.

Son bras. Ses yeux l'atteignent dès qu'elle l'évoque, et il ne peut nier qu'il ne pressent rien de bon à son sujet depuis qu'il est en état de raisonner. Il se rappelle la douleur qu'il a ressentie au choc provoqué par la hache, mais pas le moindre fourmillement depuis son réveil. Avec toute la volonté du monde, il n'en bouge pas le moindre muscle, et ne saurait dire s'il est chaud, ou froid. Lorsque son regard se repose sur Myria, c'est pour attendre qu'elle lui annonce l'évidence, l'inévitable, ce dont il aurait du se douter s'il n'avait pas eu l'esprit ailleurs. Ce qu'elle finit par faire à contrecœur.
S'en suit un long silence. Athimbod digère l'information qui ne le surprend pourtant pas, regarde son bras comme on regarde un étranger. Le soldat qu'il est ne le voit que comme un poids mort, une chose inerte qui le gênera plus qu'autre chose dès qu'il sera remis sur pied. Et puis, une sensation familière s'insinue à nouveau dans son esprit : l'indifférence. Lui qui a accepté la Mort, qui aurait été prêt à la suivre, si ça n'avait été cette aura qui l'a suivi depuis, lui qui s'est vu prêt à tout abandonner se retrouve à ne perdre qu'un bras, un malheureux bras. Et il réprime un rire, nerveux, se retenant autant pour ne pas malmener la plaie sur son flanc qu'en voyant ce regard que porte Myria sur lui et qui lui crève le cœur. Pourtant, c'est bien cette vision là qui le conforte. S'il devait perdre un bras un jour, autant que ce soit pour elle.

❝Myria...❞ Il attire doucement sa main à lui pour en poser le revers, quelques secondes, sur ses lèvres avant de la maintenir contre son torse. ❝Ne sois désolée de rien. C'était le prix à payer pour te savoir saine et sauve.❞ Il presse cette main contre lui, contre cette rune que cache sa chemise mais que Myria a déjà eu l'occasion d'observer, dans cette même pièce, un an plus tôt. ❝Eirr m'a averti, j'ai agi en connaissance de cause,❞ et plus encore, elle lui a laissé présager pire encore que la "simple" perte de son bras. Mais, malgré ça... ❝Et si c'était à refaire, je n'y changerais rien,❞ ni sa hargne envers ces hommes, ni sa peur de la perdre, ni sa résolution à embrasser la Mort en la sentant lui tendre les bras pour, au final, ne lui en prendre qu'un. ❝Ça ne pouvait pas se passer autrement.❞ Ces mots, il les lui a dits plusieurs jours avant, avant de perdre connaissance. Aujourd'hui, il les lui répète sans ciller, convaincu que c'était la seule chose à faire. Convaincu, parce qu'elle est là. Convaincu, parce qu'ils sont là, rien qu'eux deux, aussi conscients l'un que l'autre, et que rien n'a changé depuis cette nuit. ❝C'était la seule chose à faire pour te revoir.❞


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✧ Idéologie : (pro-couronne) c'est grâce à cette dernière qu'elle peut vivre sa vie convenablement. s'il devait y avoir une révolte, elle aurait la tête coupée, alors autant soutenir le bon camp.

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Lorsqu’il te dit qu’il ne peut pas accepter, tu le regardes avec des yeux ronds. « Et pourquoi pas ? que tu lui demandes, un large sourire sur le bord des lèvres. » Il se doit d’accepter. N’a presque pas le choix. Car qui refuserait, si ce n’est un fou ? Qui plus est, c’est et ça a toujours été l’objectif d’Athimbod, non ? Donc non, tu ne comprends pas qu’il puisse ne pas le vouloir. Après tout, ce titre lui est offert sur un plateau d’argent, donc pourquoi rechigner ? Est-ce que c’est parce qu’il ne s’en sent pas digne ? Parce qu’il pense que les cartes étaient biaisées de par les sentiments qu’il ressent à ton égard ? Quand bien même ça ait joué, t’es persuadée que si la situation avait été la même quelques années plus tôt, bien avant que les sentiments ne naissent entre vous, Athimbod aurait agi de la même manière. Parce que n’est-ce pas ce qu’il t’avait promis, lors de votre première rencontre ? Que quoi qu’il se passe, quoi qu’il arrive, personne ne toucherait à un seul de tes cheveux ? Quand bien même, à cette époque, il semblait plus te détestait qu’autre chose ? Non, clairement, Athimbod ne peut pas se permettre de refuser. Tu ne le lui permettras pas.

Et puis il y a l’aveu qui sort de ta bouche. Le sujet que tu redoutais tant que tu mets enfin sur le tapis. T’as attendu le plus longtemps possible, et à présent t’as pressenti que tu n’avais plus vraiment le choix. Que repousser le sujet plus longtemps ne rimerait à rien car quoi qu’il arrive, il serait amené à le découvrir. Lui mentir encore un peu ne servirait pas qu’à le protéger, il servirait surtout à te protéger toi. Car t’as peur de sa réaction. De son regard accusateur et de ce qu’il pourrait te dire. Après tout, c’est de ta faute, et quoi qu’il dise depuis le début pour essayer de te rassurer, ça ne marche pas vraiment. Y’a toujours toute cette culpabilité en toi, toute cette souffrance de l’avoir ainsi amoché. D’avoir failli le perdre et qu’en contrepartie de son sacrifice il se retrouve brisé. Car même s’il est nommé Chevalier, sa carrière en prendra forcément un coup. Parce que qui veut d’un soldat atrophié ? D’un handicapé ? T’as des solutions, bien évidemment, et jamais, Ô grand jamais, tu ne le verras comme un fardeau. Mais et si c’était ce qu’il pensait, lui ? Qu’est-ce que tu pourras dire face à ça ?

Tu peux pas supporter le regard que tu pressens accusateur. Tu rentres ta tête dans tes épaules, pinçant les lèvres et serrant les dents en attendant que la sentence tombe. Tu redoutes ce moment depuis que Calythylia t’a informée des conséquences du coup de hache et depuis que t’es au courant que les elfes de jour ne pourront rien faire face à ce traumatisme. T’as veillé sur lui, nuit et jour, avec cette boule au ventre, allant même jusqu’à faire des cauchemars de ce moment. Il prononce ton nom, t’appelle. Sur un ton doux, tendre. Et ça te désarçonne. Parce que tu n’imaginais qu’il puisse bien le prendre. Ou en tout cas qu’il ne te crie pas dessus. Il attire ta main pour la couvrir d’un baiser, ce qui a le don de faire fondre en larmes, encore. Tu ne pensais pas qu’il puisse réagir comme ça, et c’est très noble de sa part. Ton amour pour lui ne fait que s’amplifier à mesure que tu sens un poids quitter tes épaules. Ta main qui vient caresser sa chemise, à l’endroit où se trouve une de ces runes. Eirr. Il t’avoue qu’il savait. Que si c’était à refaire, il le referait. Que c’était la seule chose à faire pour te revoir. « Oh Athimbod… que tu souffles dans un murmure tendre, les yeux toujours autant amplis de larmes. » T’es soulagée qu’il pense comme ça, tout comme tu te sens honorée d’être à ce point importante pour lui. De nouveau tu te lèves de ton siège pour te pencher au-dessus de lui et pour l’embrasser d’un baiser qui se veut passionné et ampli d’un amour sincère. Il s’est sacrifié pour toi, a perdu un bras au passage, et tout ce qu’il trouve à te dire, ce ne sont pas des paroles amplis de colère mais plutôt un discours couvert de tendresse. Ses lèvres ont un goût salé, à croire que c’est habituel pour vous. « Je regrette ce que je t’ai dit l’autre jour, je ne le pensais pas. J’étais jalouse de te voir avec Alice, et tellement en colère… Un sourire triste qui se dessine sur ton visage, clairement tu n’es pas fière de cette période. Je ne veux pas que tu t’en ailles. Je te veux à mes côtés, pour toujours et à jamais. Je suis désolée d’avoir fui l’année dernière, durant cette fameuse nuit… Seulement tu as réveillé en moi des sentiments que je m’étais toujours interdit de ressentir et ça m’a fait peur. Peur parce qu’ils pourraient vous nuire à tous les deux et entraîner votre perte. Mais je ne veux plus fuir, à présent. Ton regard qui s’embrase d’une détermination nouvelle. Je t’aime et je ne veux pas te perdre, que tu conclues, le cœur au bord des lèvres. »   
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Athimbod Nimrithel
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DON'T GO AWAY YET
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À cette question qu’elle lui pose lorsqu’il juge ne pas avoir besoin du titre qu’on prévoit de lui offrir, Athimbod se contente de froncer les sourcils dans un regard entendu vers la duchesse. Pourquoi pas ? Parce-que ça n’aurait rien de juste, parce-qu’il s’est bien trop éloigné des valeurs de la chevalerie après toutes ces années passées avec elle. Parce-qu’il devrait regarder partout ailleurs mais qu’il ne voit qu’elle, parce-qu’il a sûrement fait du zèle en cassant quelques nez de malheureux qu’il a jugé indignes de poser leurs yeux sur elle. Parce-qu’il renierait toutes ces valeurs pour elle, rien qu’elle.

❝Tu sais très bien pourquoi.❞ Ou, du moins, il l'espère. Il espère que ses actes font foi aux yeux de l'héritière, parce que les mots le mettent mal à l'aise. Il espère qu'elle a reconnu sa dévotion à son encontre, et qu'elle se rend bien compte qu'elle y est pour beaucoup. Il prie pour qu'elle sache qu'il n'y a que pour elle qu'il était prêt à laisser la froide étreinte de la Mort lui faire quitter ce monde.

Au lieu de ça, c'est la chaleur de son aura qu'il retrouve et qui l'apaise, qui l'aide sûrement à encore mieux accepter la perte de son bras. Sans doute le regrettera-t-il un peu demain, mais aujourd'hui il sait que c'était ce qu'Eirr lui réclamait, en échange de Myria. Voir les larmes dans les yeux de cette dernière lui enserre le cœur et la gorge, d'autant qu'il sait qu'elles sont pour lui. Il attire encore cette main à ses lèvres, l'y plaquant dans un geste se voulant rassurant, s'imprégnant autant de son odeur que de sa douceur avant que la duchesse ne se lève pour se pencher, à nouveau, vers lui. Lui qui ne s'attend qu'à un autre chaste baiser sur sa joue, ou peut être son front cette fois-ci, se retrouve pris au dépourvu lorsque les lippes pulpeuses de Myria viennent se plaquer aux siennes. Sans même y réfléchir, par instinct autant que par désir, il y répond aussi ardemment qu'il le peut, abandonnant ses doigts graciles pour sa nuque délicate, l'attirant encore plus à lui pour mieux se rappeler ce goût qu'il n'a pas oublié. Aussi sûrement qu'elle a manipulé son esprit pour lui faire penser à une vision, Eirr lui a rappelé, chaque jour, le souvenir de cette nuit là dans les moindres détails, si bien qu'il a passé cette dernière année constamment torturé lorsqu'à quelques mètres de Myria, il ne se rappelait que trop bien la douceur de sa peau. Et voilà qu'il retrouve cette dernière, qu'il caresse à nouveau cette joue lorsqu'elle rompt leur baiser pour exprimer ses regrets. Il voudrait user de son autre main, mais n'a que celle-ci pour dégager une mèche de cheveux de ce visage parfait qu'il prend, longuement et sans retenue, le temps d'admirer tant qu'il le peut encore.

❝J'irai nulle part sans toi, Myria,❞ lui promet-il alors que son pouce effleure les lèvres qui l'hypnotisent et continuent de parler. Elles évoquent ce sujet qu'ils ont évité depuis bien trop longtemps, cette évidence qu'ils ont voulu nier pour, au final, la voir s'abattre sur eux sans aucune pitié. Ce qui s'est passé un an plus tôt, ce n'était que l'ordre logique des choses et, si ni l'un ni l'autre n'était encore prêt à assumer ce qui les liait déjà à l'époque, ils y sont bien forcés aujourd'hui. Leurs corps parlent pour eux, elle penchée sur lui, lui frissonnant et relevant brusquement ses yeux à la dernière phrase qu'elle prononce, à ces trois mots qui lui ôtent, un instant, les siens de la bouche. Il les pense, les a sur le bout de la langue, dans le fond de son regard qui ne laisse aucun doute à ce sujet, mais sa propre voix lui fait défaut, ne lui laissant que ses actes, encore, comme seul moyen d'expression.
Sa main se plaque à l'arrière de la tête de Myria qu'il rejoint pour l'embrasser à son tour, sans aucune retenue, avec tout ce que son coeur lui inspire, avec tout ce qu'il aurait voulu lui dire depuis qu'elle a retourné sa vie. Son corps meurtri ne ressent plus aucune douleur sous l'euphorie du moment, lui permettant de se redresser plus encore, permettant à une rune précautionneuse d'immobiliser les poignées des deux portes menant à cette scène qui ne devrait pas avoir lieu mais qui paraît pourtant si légitime. Rien ne doit les interrompre, pas même les règles qu'ils enfreignent.
À bout de souffle, Athimbod reprend son souffle à quelques millimètres de ces lèvres qu'il effleure, à quelques centimètres des billes azures dans lesquelles il se noie. Sa voix lui revient, dans un murmure. ❝On s'est dit des choses qu'on pensait pas,❞ reconnaît-il volontiers, ❝moi le premier.❞ La gorge serrée par les remords, il semble chercher le pardon en l'embrassant encore, doucement, entre ses mots. ❝Eirr, elle... J'ai cru que c'était toi.❞ Pour la première fois, le Greyhand évoque la sournoiserie de sa rune, ce qu'il a toujours cherché à dissimuler. Mais il ne peut pas laisser Myria penser qu'il a voulu d'une autre. Il ne peut pas la laisser penser qu'elle n'est pas la seule à le hanter. ❝Alice... Je voulais tellement que ce soit toi.❞ Son regard s'intensifie, cherchant le pardon autant que la compréhension dans celui de l'héritière pour qui il parvient à s'ouvrir, à qui il laisse entrevoir une vulnérabilité autre qu'elle-même : son propre esprit. ❝C'est sans toi que je serais perdu.❞ Le triton prend une longue inspiration et ferme les yeux quelques secondes. Cet instant qu'ils partagent, il présage qu'ils n'en auront sûrement pas d'autres avant bien longtemps, à vrai dire, c'est même ce qu'il redoute. Lui non plus ne veut plus fuir, mais force est de constater que les obstacles devant eux sont de taille et ne le laissent pas indifférent. ❝Je supporte pas de te voir avec lui, Myria.❞ Étrangement, la haine qu'il ressent pour cet homme à qui on l'a promise n'est pas présente dans sa voix. Au lieu de ça, ses mots vibrent d'une douleur bien présente qui teinte son regard, toujours accroché aux orbes de celle qu'il ne veut pas partager. Sa main glisse sur le bras de la jeune femme pour retrouver sa main, pour y emmêler ses doigts arborant cette bague étincelante. ❝Te voir tous les jours, ne pas pouvoir t'approcher, te toucher, quand lui le peut... pourra encore plus...❞ Ses doigts se resserrent à l'idée que ceux du prince effleurent celle à qui il se dévoile, enfin. ❝C'est une véritable torture...❞


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Le cœur qui implose dans ta poitrine tandis qu’Athimbod t’avoue qu’il n’ira nulle part sans toi. Le soulagement qui se peint sur ton visage alors qu’il effleure avec son pouce tes lèvres, tout comme ton corps qui s’embrase de cette proximité retrouvée. Tellement espérée et pourtant toujours hors de portée. Jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à ce que tu oses enfin dire la vérité. La simple et tendre vérité. Que tu mettes des mots sur tes sentiments, sur tes sensations. Que ton cœur ne bat que pour lui. Depuis longtemps déjà, et à jamais. Il aura fallu qu’il passe à deux doigts du trépas pour que tu t’en rendes compte. Pour qu’enfin tu trouves la force d’ouvrir les yeux et d’accepter cette évidence qui dure depuis un an déjà. Tu ne le regrettes pas, loin de là. Culpabilises, surement un peu, qu’Athimbod ait eu à payer un aussi fort tribut dans cette histoire. Mais il semble, au final, aussi soulagé que toi. Aussi libéré. De ce poids qu’infligent les non-dits.

Le baiser se veut enflammé. Décuplé par des désirs accumulés avec les années. Il est ardent, brûle vos lèvres et consume vos palpitants qui battent à toute allure dans vos poitrines. La douleur d’Athimbod qui se tait, le temps d’un instant, tandis qu’il se redresse pour mieux t’approcher. Pour mieux te toucher. Sa main qui se glisse dans tes cheveux et qui t’attire toujours plus contre lui. Y’a plus cette hésitation. Cette peur de franchir une ligne que vous pourriez ensuite regretter. Le non-retour il est déjà là, derrière vous. Au moment où t’as prononcé ces trois mots, t’as scellé votre destin, votre avenir. Ce qu’il adviendra de vous, ça vous n’en savez rien. Mais ce baiser que vous échangez est la preuve qu’à deux, vous êtes invincibles. Que quoi qu’il arrive, si vous restez ensemble, alors tout se passera bien.

Tu te retiens d’enjamber ce corps qui t’appelle. T’essaies tant bien que mal d’apaiser cette flamme qui embrase le creux de tes reins. Parce que ce n’est pas le moment. Parce qu’Athimbod vient à peine de se réveiller et qu’il faut que tu le ménages. Quand bien même c’est tout ton être qui le réclame, toujours un peu plus. C’est à bout de souffle et avec les joues rosies que le baiser se termine. Intense. Pure. Exaltant. Y’a un sourire tendre qui s’affiche sur ton visage alors que les larmes se sont taries petit à petit. Vos regards qui ne sont qu’à quelques millimètres l’un de l’autre. Qui s’attirent autant qu’ils se noient l’un dans l’autre.

Oui, vous vous êtes dits des choses que vous ne pensiez pas. Qui dépassaient trop largement vos pensées. Mais il y avait cette souffrance, autant chez toi que chez lui. Et la réponse la plus naturelle n’a pas été l’indifférence, mais plutôt la colère. Le désir de faire souffrir l’autre d’avantage pour qu’il comprenne ce qu’il se passe. Ce n’était clairement pas la meilleure chose à faire, mais c’est comme ça, vous n’êtes pas des êtres parfaits. Y’a tes sourcils qui se froncent quand il t’avoue ensuite la place d’Eirr dans cette histoire. Ainsi donc, cette rune a la capacité de troubler Athimbod au point de lui faire croire des choses qui ne sont pas vraies ? Bizarrement, y’a ton cœur qui s’allège d’avantage à cette révélation. Parce qu’Alice ne représente rien pour lui. Parce qu’il s’est fait duper et qu’en soit ce qu’il s’est passé ne signifie rien pour lui. Tu te sens idiote, l’espace d’un instant, d’avoir imaginé toutes ces choses entre eux. De t’être mis dans tous tes états pour une illusion. Il aurait suffi que tu lui poses la question et alors… Rien de tout cela ne serait arrivé. C’est idiot et puérile de ta part, mais c’est comme ça et quand bien même tu te sens idiote tu ne peux plus rien changer. « Je vois, que tu murmures donc dans un souffle. Y’a pas de colère dans ta voix, rien d’animé. Tu comprends ce qu’il s’est passé ces derniers mois. Te rends simplement compte de ta naïveté. De ta jalousie. Je suis une idiote, que tu lui confesses dans une grimace. La jalousie m’a aveuglée et je n’aurais pas dû réagir comme je l’ai fait. » Tu pousses un profond soupire et encadres son visage avec tes mains, caressant doucement avec tes pouces sa barbe naissante.

C’est un peu déplacé de ta part, et probablement culotté, d’avoir voulu l’exclusivité d’Athimbod alors qu’autour de toi plane la présence de Nikolaï. Au fond, tu n’aurais pas pu l’en empêcher, s’il avait voulu être avec Alice. Parce qu’avec toi l’avenir parait des plus compliqués. Des plus intriqués. Quand bien même vous vous êtes avoués ce que vous aviez sur le cœur, cela ne résout pas le problème principal. Ne fait que le complexifier d’avantage. Athimbod et toi semblez faire le même cheminement car il t’avoue qu’il ne supporte pas de te voir avec lui. Et tu ne peux pas lui en vouloir. Ne peux que comprendre ce qu’il ressent, pour avoir fait de même avec Alice. Sauf que cette fois il n’est pas question d’un quiproquo. Que le mariage est proche et que bientôt tu seras officiellement à lui, quand bien même tu ne le souhaites pas.

Y’a un frisson qui s’empare de toi quand Athimbod entremêle ses doigts dans les tiens et qu’il touche cette bague qui orne ton annulaire. Mine de rien y’a ton corps qui se raidit. Qui se glace. Ce n’est pas un sujet que tu voulais aborder. Ni maintenant ni jamais. Mais là encore il faut bien te rendre à l’évidence, tu n’as pas le choix. « Je comprends, que tu lui dis doucement, ton regard se teintant d’une douleur que vous connaissez si bien. Une partie de moi voudrait que tu passes au-delà de ça. Que tu restes malgré toute la souffrance que cela impliquerait. Mais c’est l’égoïste qui parle, et même si ça serait la facilité pour moi, je ne peux pas t’imposer mes obligations. » C’est à cause de ça qu’il y a un an tu t’étais refusée à Athimbod et que t’avais fui dans tes appartements. Parce que tu ne voulais pas que vous en arriviez là. Bloqués devant cette impasse en apparence insurmontable. « Je ne sais pas quoi faire, que tu lui avoues, ta voix se brisant et révélant cette gamine apeurée et peu sûre d’elle que tu t’es toujours employée à cacher. Les nobles n’ont pas le droit d’écouter leur cœur, ça a toujours été comme ça et même si je ne me suis jamais faite à cette idée je ne vois pas comment je pourrais le changer. Ta voix qui se brise une fois de plus. Un silence et tu reprends. J’ai essayé d’en parler à Nikolaï. De le faire changer d’avis. Mais… Si ce n’est pas lui, ce sera un autre… C’est une boucle sans fin. » Tu poses tes orbes décontenancées vers Athimbod, ne sachant quoi dire d’autre. Peut-être que lui a une solution ?   
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Athimbod Nimrithel
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DON'T GO AWAY YET
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Les langues se délient, s'expriment enfin, dans les mots comme dans ce baiser ayant rendu le Greyhand à bout de souffle, sans qu'il ait posé un seul pied hors de son lit. Le front collé à celui de l'héritière, il lui confie ce qui, après elle, est sûrement le secret qu'il garde le plus farouchement, cette faille qu'il dissimule au monde entier depuis tant d'années mais qui le ronge jusqu'aux confins de son esprit. Il n'est pas des plus difficiles que de voir la multitude de runes lui parcourant le corps, celles là même qui s'affichent sur son torse simplement recouvert de bandages. Bien des âmes ont pu le voir plonger la tête la première dans les eaux du large et se trouver interpellé par leur nombre considérable, pour qui sait le risque qu'encourt leur porteur. Mais, pourtant, il a toujours su dissimuler cette folie dans laquelle elles l'entraînent, Eirr en tête. Cette démence qui plane au dessus de lui comme une véritable épée de Damoclès, plus il la craint, plus il la renferme, ne trouvant plus que le melion pour en apaiser les effets. Mais jusqu'à quand arrivera-t-il à les contenir ? Jusqu'où se joueront-elles de son esprit ? Se contenteront-elles seulement de ce dernier ? Jusqu'ici, aucune rune nocive directement envers autrui ne s'est encore manifestée, notamment Eom qui s'est toujours montrée silencieuse. Mais de là à ce qu'elle ne lui fasse provoquer un séisme ou un incendie, il n'y a qu'un pas.

❝Tu n'aurais jamais pu savoir.❞ Il cherche à la rassurer, renvoyant ses inquiétudes personnelles derrière le rideau du déni qui les dissimule depuis des années. Myria est assez secouée comme ça. ❝T'es magnifique quand t'es jalouse, tu sais ?❞ Autant essayer de détendre l'atmosphère d'une remarque légère mais bien sincère. Un fin sourire provocateur se dessine sur ses lèvres alors qu'il lui caresse la joue et appuie la sienne contre l'une des mains qu'elle y pose. Il se souvient de leurs mots échangés dans l'échoppe avant que tout ne déraille. Il se souvient autant de la douleur qu'il y a ressentie que du soulagement qu'ils ont été, à prouver à l'un qu'il n'est rien sans l'autre. Et il se rappelle ce mal fou qu'il a eu à ne pas se ruer sur elle, à ne pas écouter ce que tous ses sens lui suppliaient de faire. La voir, ainsi, condamner cette relation inexistante qu'il aurait pu avoir avec une autre qu'elle fut la réalisation pour Athimbod que ses sentiments n'étaient pas à sens unique. ❝J'ai adoré ça.❞ Lui confie-t-il en posant doucement ses lèvres sur celles de la jeune femme pour s'en écarter aussitôt. Les flammes dansant dans son regard qu'il plonge dans celui de Myria trahissent ce feu ardent qu'il contient, celui qui la voudrait contre lui, celui qui la trouve encore trop loin. Celui qui trouve qu'ils parlent trop. Mais l'étrange aura de la jeune femme l'aide à le maintenir à l'état de braises, alors que son corps entier si près de lui alimente ces dernières.

Et le voilà qui change de sujet, en venant à avouer ce qu'il essayait encore de renier quelques jours plus tôt, cette peur de la perdre pour un autre, cette crainte de voir cette autre poser un seul doigt sur elle alors qu'il ne la voudrait qu'à lui seul. Il hait cet homme autant qu'il sait qu'il n'est pas le responsable de cette situation. S'il l'avait rencontré dans d'autres circonstances, sans doute aurait-il eu du respect envers le Prince qui semble être un homme respectable. Mais le destin en a voulu autrement, et Athimbod ne ressent envers lui qu'antipathie et désir animal de lui refaire le visage.
Mais ce n'est étrangement pas cette animosité qui l'emplit à mesure qu'elle lui répond. Ses mots sont résignés, ne laissent entrevoir aucune issue. Lui qui percevait une lueur d'espoir dans leur rapprochement la voit doucement s'éteindre, comme le fait cette flamme dans ses yeux azurs. Son regard se baisse, sa main resserre son emprise sur celle de la duchesse qu'il a peur de voir lui échapper alors qu'ils se trouvent à peine. Elle est égoïste de souhaiter ça, c'est vrai. Et lui l'est tout autant à vouloir qu'elle soit la sienne, qu'elle renie son propre sang et les obligations qui vont avec juste pour lui. Mais alors qu'il ne supporte pas la seule idée de la voir marcher jusqu'à l'autel pour être liée à jamais à un autre, il craint plus encore de voir cette vision se réaliser, ne sachant ce qui de la douleur ou de la colère prendra le dessus, ne pouvant pas prévoir un seul instant ce dont il serait capable.
Et puis il se fige sur les dernières phrases de Myria. Si ce n’est pas lui, ça sera un autre… Elle résonne dans son esprit, tourne en boucle alors qu'il se pince les lèvres et fronce les sourcils, les yeux perdus dans le vague quelques secondes durant avant de se braquer sur elle. La flamme y danse à nouvea, plus brillante de détermination que jamais. Son face à face avec la mort semble avoir anéanti tout le doute qui l'habitait jusqu'alors quant à ses sentiments pour Myria, en avoir réchappé lui a ouvert les yeux et l'a rendu plus lucide qu'il ne l'a jamais été. ❝Pourquoi pas moi ?❞ Sa question est sincère et sa voix plus sérieuse que jamais. Au fur et à mesure des années, il a vu défiler des dizaines de prétendants, aucun ne convenant à cette femme d'un autre monde, certains l'ayant réalisé par un garde du corps s'étant montré particulièrement dissuasif à l'abri des regard sans même réaliser qu'il éliminait, petit à petit, cette concurrence qu'il ne tolérait pas, pas plus qu'il ne tolérerait celle de "l'élu", tout prince qu'il soit. Alors autant en finir une bonne fois pour toutes. ❝Tu l'as dit toi-même, il n'y a pas de duchesse ici. Juste toi et moi.❞ Il balaierait bien la pièce du regard pour illustrer ses propos, mais ce dernier est bien trop ancré à celui de la belle pour s'en détourner.  Sa main valide quitte celle de Myria pour venir caresser sa joue et s'y poser, intensifiant plus encore la détermination qui perce dans son regard. ❝Je suis prêt à me battre pour toi Myria...❞ Et l'état dans lequel il se trouve aujourd'hui démontre parfaitement jusqu'où il est prêt à aller pour elle. ❝J'ai juste besoin que tu me dises que tu veux que je le fasse.❞ Parce-qu'il ne peut pas subir une défaite sans avoir au moins tenté de lutter. À moins qu'elle ne lui demande de rendre les armes, auquel cas il le ferait, pour elle. ❝C'est égoïste, c'est vrai. Mais je ne peux pas te perdre sans me battre. Plus maintenant.❞


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C’est vrai, tu n’aurais jamais pu savoir. Jamais pu te douter. Parce que la jalousie était trop présente. Trop intense. Obnubilante. Et puis bon, t’y connais pas grand choses sur les runes, alors de là à savoir qu’il y en a une capable de donner des hallucinations à son porteur… Non, clairement, tu ne pouvais pas savoir. Mais ça n’empêche que tu te sens quand même bien idiote. Parce qu’Alice… Vous en aviez plaisanté il y a un an, déjà. De cette pauvre Alice, si amoureuse d’Athimbod… Tu trouvais ça particulièrement déplacé pour ton garde du corps, du coup, de se mettre avec elle. Lui qui avait dit, des mois plus tôt, qu’elle ne l’intéressait pas… Disons que c’était un cruel coup de bâton, mais des plus efficaces. Tu soupires à cette pensée. T’as imaginé tout ça, tu t’es créée tout un monde où Athimbod et Alice auraient une romance alors qu’en réalité il n’y avait rien, si ce n’est un baiser. Idiote. Du coup, tu peux pas t’empêcher de t’en vouloir aussi par rapport à Alice. Parce que tu t’es montrée particulièrement sèche avec elle. C’était injuste et tu regrettes. Mais la jalousie, la fameuse…  Elle change une femme. Ou un homme.

Y’a un rire nerveux qui perce la barrière de tes lèvres tandis qu’il t’avoue que t’étais magnifique dans le rôle de la jalouse. « Oh, arrête, que tu renchéries aussitôt. » Tu décolles tes mains de ses joues pour le fusiller du regard, d’une colère qui n’a rien d’agressive, mais qui présente plutôt des reflets taquins. Ton poing qui part dans l’épaule valide et qui la percute tout doucement. Un rituel entre vous, qui finit souvent par une séance de chatouilles qui te laisse à terre. Mais vu son état… Disons qu’un petit coup pour ne pas réveiller ses douleurs suffira, et qu’avec une seule main il lui sera difficile de riposter. Enfin, ça, c’est ce que tu te dis. Dans le doute, tu te cambres légèrement, prête à recevoir une potentielle attaque sur le flan de sa part. Au lieu de ça, il préfère passer l’éponge –pour cette fois, probablement- et te murmure plutôt qu’il a adoré ça, se rapprochant toujours plus de toi pour retrouver le contact de tes lèvres. Tes orbes qui pétillent de plus bel tandis que ton sourire enjôleur s’agrandit toujours plus. « Attend de voir ce que je te réserve quand t’auras retrouvé tes forces et que je ne craindrais plus de te broyer au moindre mouvement… » La malice qui revient de plus bel tandis que ton regard se veut des plus aguicheurs. Te voilà qui te rapproches de lui, carnassière et sulfureuse, tandis que tes doigts se posent au niveau de son nombril et qu’ils marchent jusqu’au creux de ses pectoraux pour ricocher, finalement, sur l’arrête de son menton que tu kidnappes avec ton pouce et ton index. « Ça ce n’était qu’un avant-goût de mes talents. » Toujours plus provocante et entreprenante. Le rire qui ponctue, finalement, la fin de ta phrase et qui te fait perdre en sérieux. Un rire, aussi, pour taire ces braises incandescentes qui menacent à tout moment d’imploser.

Et puis il y a le froid qui s’instaure. Qui s’installe. À l’énoncé de Nikolaï c’est tout ton corps qui finalement se raidit. Qui devient stoïque. C’est la douche froide. Glacée. Tu ne voulais pas en parler. Espérais repousser éternellement le sujet. Gagner du temps, on ne sait pas trop comment. Mais avec cette déclaration d’amour, c’était obligé qu’il soit énoncé. Malheureusement. Alors tu énumères tes doutes. Tes problèmes. En espérant que ça suffira à Athimbod. Qu’il trouvera une solution là où toi tu as échoué. Parce que t’y as pensé. Beaucoup trop souvent pour les avoir compté. C’était omniprésent. Ton amour pour Athimbod, tout comme tes fiançailles avec Nikolaï. Les deux ne peuvent aller de pair, quand bien même tu ne puisses trouver une solution viable pour avoir l’un et l’autre. Ou pour avoir l’un et te détacher en douceur de l’autre. Sans froisser personne. Que ce soit lui, ta mère, ou l’ensemble de la Noblesse. Mais plus les mois, plus les années ont passées, et plus tu t’es retrouvée embourbée dans cette situation. Jusqu’à ces fiançailles qui ont suffi à te mettre la tête sous l’eau. Ce problème, il est imbuvable. Impossible à résoudre. Mais t’espères qu’Athimbod trouve une solution. Un compromis. Quelque chose qui vous permette de rester l’un auprès de l’autre et qui soit réellement réalisable. Parce que des idées grotesques ou saugrenues, tu en as eu des tonnes. Comme t’enfuir avec lui, par exemple. Mais tu sais, d’expérience, que c’est impossible. Qu’une Duchesse en devenir, seule héritière de son royaume, ne peut s’envoler sans laisser de traces et sans qu’on la pourchasse. Tes parents ont les moyens de remuer chaque centimètre carré de Valarya s’ils le désirent, alors à quoi bon tenter ? Nombreuses sont les nobles à avoir tenté le coup. Et jusqu’à preuve du contraire toutes ont échoué. Alors non, clairement, tu ne seras pas différente des autres.

Y’a les orbes d’Athimbod qui soudainement s’enflamment d’une résolution que tu ignores. Il a une idée. Mais laquelle ? Tu ne t’attendais pas à le voir réagir comme ça. À sembler si déterminé. Y’a de l’espoir qui pétille, et ça, c’est nouveau. Ça en serait presque contagieux. Alors quand il te propose que ce soit lui, ce fameux autre, tu ne peux cacher la surprise et la stupeur de peindre les traits de ton visage. « Quoi ? » Ça sort tout seul. C’est spontané. T’as les yeux écarquillés tandis qu’il poursuit. Qu’il énumère son idée et qu’il te décrit sa vision des choses. Et tout ce que tu trouves à penser, au final, c’est que c’est déstabilisant. Parce que jamais tu n’y avais pensé. Parce que jusqu’à présent Athimbod n’était qu’un simple garde du corps. Mais avec sa nomination de Chevalier… Ça pourrait tout changer. Alors y’a ton esprit qui s’active. Qui réfléchit. Qui imagine. « C’est fou… que tu murmures dans un premier temps. Un souffle lointain, perdu dans ses réflexions. Il faudrait en parler à ma Mère, et à Nikolaï… Tu parles toute seule, énoncer tout ça à voix haute t’aidant à garder le fil. Ça promet d’être compliqué. Ça va être ardu de les convaincre, et puis ça va faire scandale au sein de la Noblesse. Les préparatifs sont presque achevés, il y a tellement d’argent qui a été investi… Une pause tandis que tu imagines tout ça préparé pour rien. Mais ce n’est pas l’argent qui compte, pour les An’Melhor. Ma Mère va être la plus difficile  à persuader, mais j’ai un moyen de pression et- De nouveau une pause tandis que ton regard qui jusqu’à présent était rivé sur vos doigts entremêlés qui se braquent dans ceux d’Athimbod. Brillants d’une lueur nouvelle. Je pense que ça peut marcher. C’est pas gagné, ça parait complètement insensé, mais on va se battre. » Un sourire victorieux qui étire tes lippes tandis que l’effervescence prend place.    


Dernière édition par Myria An'Melhor le 10/10/19, 09:07 pm, édité 3 fois
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Il attend le couperet, cette phrase qui le ferait revenir à la raison, les mots qui essaieraient d'éteindre les flammes de sa détermination nouvelle. Elles dansent dans son regard, léchant ses iris braqués sur Myria. L'expérience du baiser de la faucheuse pourrait être perçue comme un drame, ce qu'elle est déjà aux yeux de celles et ceux sains d'esprit. Mais, pour Athimbod, elle eut l'effet d'une véritable révélation, lui faisant réaliser à quel point la vie est courte et, plus encore, comme il ne veut pas la vivre dans le regret. Le voilà prêt à affronter vents et marées, à faire face à sa propre fierté et aux règles régissant le monde pour, enfin, se donner une chance, à lui. Leur donner une chance, à eux, à ce qu'ils ont trop longtemps renier, à ce qu'ils ont combattu dix ans durant pour se rendre à l'évidence : lutter ne changera rien, les faits sont là.

Elle est interdite, d'abord, laissant craindre le pire au triton dont les sourcils se froncent légèrement à l'appréhension de sa réponse. Il la voit le remettre à sa place, celle qu'il ferait certainement mieux de conserver. L'avenir s'assombrit, un court instant, avant qu'une éclaircie n'apparaisse soudainement. C'est fou, oui, sûrement autant que l'idée de mourir pour elle et, pourtant, cette main qu'il glisse dans ses cheveux lui promet qu'il n'abandonnera pas facilement. Il est prêt à fuir, avec elle, à renier ses vœux envers l'Œil et envers Fell'Gost pour pouvoir rendre cette proximité quotidienne sans risquer ni l'honneur de Myria, ni sa propre vie.
Elle ne dit pas "oui", ou du moins elle le fait à sa manière, détendant les traits du greyhand dont le visage s'illumine doucement. La voilà qui s'inquiète des avis d'autrui, régis par des règles ancestrales contre lesquelles il sait qu'il ne fera jamais le poids. Sa main glisse sur la nuque de la jeune femme, la serrant doucement pour tenter de la rassurer, pour chercher à la tirer de ses réflexions à voix haute, mais rien n'y fait, Myria reste Myria.

❝J'en déduis que c'est "oui" ?❞ Lance-t-il enfin dans un sourire avant que ses lèvres ne se pincent dans l'appréhension des obstacles qu'il leur faudrait affronter. L'enlever à sa condition d'héritière, quitter cette vie de faste et d'hypocrisie pour vivre au grand jour dans l'anonymat, l'y protéger quoiqu'il advienne, ça, Athimbod s'en sait pleinement capable et parvient, déjà, à se faire une idée d'un avenir à deux. Mais devoir ramer à contre courant, faire face à tout ce que cette société empirique a ancré dans les esprits, tout cela rend le futur bien plus opaques aux yeux du triton dont le regard ne peut dissimuler une lueur d'inquiétude quant à ce qu'envisage sa protégée.

❝Je suis prêt à me battre...❞ répète-t-il, ❝Mais pas à te perdre.❞ Pas maintenant qu'il y voit clair. ❝Je ne suis rien pour eux, Myria. Je vaux pas mieux qu'un animal de compagnie.❞ Il l'a entendue, cette appellation, alors que les elfes s'évertuaient à le garder endormi. Elle résonne encore dans son crâne, cette voix qu'il commence à reconnaître à force de l'entendre encore et encore. Elle est celle de la duchesse, celle là même que Myria espère convaincre de mettre un terme à ses épousailles avec un prince, pour lui préférer un vulgaire garde, tout chevalier soit-il. ❝Chevalier ou pas, tu crois vraiment que je ferais le poids face à un Prince ?❞ Inconsciemment, sa main se serre doucement contre sa peau sous l'appréhension. ❝Si ça devait se savoir, on m'éloignerait de toi, on m'enverrait croupir dans une garnison au fin fond des terres du Nord.❞ La main se plaque et l'amène à lui. Le baiser qu'il lui donne transpire cette crainte de la perdre à l'idée seule que le destin en décide ainsi. Il connaît assez les An'Melhor pour savoir l'amour qu'ils ont de l'image qu'ils renvoient, et mieux encore les principes de l'Œil qui s'assurerait qu'il ne puisse plus jamais poser le regard sur l'héritière. Il sait qu'au moindre faux pas, rien ne serait plus facile que de l'éjecter du décor pour que la belle et riche héritière se voie mariée à un homme de son rang, de sa stature. Après tout, qui se soucierait de la disparition d'un homme de l'ombre, d'un triton des bas-fonds qu'on aurait tôt fait de remplacer ?
Plus l'idée de la perdre le tenaille, plus le baiser se fait langoureux. Cette pudeur qui animait ceux qu'ils ont osé échanger jusqu'ici n'est plus, pas plus que la retenue qu'il s'efforçait à conserver quand tout son être se languissait d'elle. La peur le met à nu, le rend plus sincère qu'il ne l'a jamais été. Sa langue franchit la barrière de leurs lèvres pour découvrir le goût de sa semblable et sa main se noie dans la crinière blonde dont le parfum l'enivre plus que de raison quand, sur son torse, Eirr luit doucement de satisfaction, savourant sa énième victoire contre la raison du Greyhand et les sens de ce derniers qu'elle s'amuse à amplifier, petit à petit.

❝J'en crèverais, Myria.❞ Son souffle suspendu aux lèvres pulpeuses ne rend ses mots que plus criants de vérité, tout comme les bandages entourant son torse et portant son bras perdu en écharpe : vivre sans elle ne s'envisage pas. Et si un exil forcé ne l'empêcherait pas de continuer à se battre à l'autre bout du monde, c'est bien que, sans ça, son corps privé de l'aura qu'il a connue toutes ces années ne deviendrait plus qu'une enveloppe vide, un bras armé qui n'agirait que sous la volonté d'autrui plutôt que de la sienne.

❝Épouse-moi.❞ Le voilà qui parvient, enfin, à aller droit au but, comme le font ses iris plongés dans ceux de Myria. ❝Dès que je peux sortir d'ici, épouse-moi Myria.❞ Parce que, malgré leurs lèvres qui s'effleurent et ses doigts entremêlés à ses boucles blondes, Athimbod sait qu'elle peut encore lui échapper. ❝Loin de tout ça, loin d'eux. Juste nous.❞


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Toi non plus, tu ne souhaites pas le perdre. Pas après tout ce que vous avez enduré. Et encore moins depuis que vous vous êtes retrouvés. Quoi qu’il arrive, à partir de maintenant, vous êtes liés. Pour le meilleur ou pour le pire. Alors oui, vous allez vous battre. Contre ta Mère, contre la Noblesse, contre le Monde entier si c’est nécessaire. Parce qu’il en vaut la peine. Parce que votre histoire d’amour mérite d’être vécue. D’avoir un début digne de ce nom, à l’abri des non-dits et des critiques, et une fin, dans bien des années tu l’espères. Alors tu souris, face à ses paroles, résolue à te battre pour lui. Pour vous. Quoi qu’il vous en coûte. Parce qu’il y en a, des risques. Il ne faut pas se leurrer. Vous battre ne fait que complexifier la chose. Vous mettre à dos bien des personnes. Ta Mère et Nikolaï en tête de liste. Parce que forcément, ils vont avoir du mal à l’accepter. D’ailleurs, tu ne sais même pas s’ils le feront. Parce qu’Athimbod est Athimbod, et que face à un Prince, malgré toutes ses qualités, et bien il ne vaut rien. Pour eux, tout du moins.

Le doute, la crainte, qui apparaissent dans le regard d’Athimbod. Qui transpire de cette peur qui, jusqu’à présent, vous a toujours paralysés, vous empêchant de vous ouvrir l’un à l’autre et d’exprimer ce que vous ressentiez depuis des années déjà. Tu pinces les lèvres, quand il se dévalorise. Quand il se traite d’animal de compagnie. T’aimes pas qu’il parle comme ça, mais d’un côté tu sais que c’est vrai. Que c’est l’image qu’ont les autres de lui. C’est ignoble, ça te répugne au plus haut point, et pourtant ça transpire de vérité. Alors y’a ton regard qui se teinte de chagrin et de honte. Parce que t’es pas comme eux et que tu ne partages pas leur vision des choses. Mais comment leur faire comprendre ? Ça te parait impossible. Le seul bon côté, c’est qu’avec son titre de Chevalier Athimbod va forcément gagner des points. Mais à quoi bon si après ils avouent leur amour au Monde entier ? Les Nobles vont forcément voir ça d’un mauvais œil, tout comme la majorité des soldats qui jalousent Athimbod. Du piston, qu’ils murmureront. Un soupire lasse qui s’échappe d’entre tes lippes tandis que tu imagines déjà la scène.

Ils voudront l’emmener loin de toi. Vous séparer avant qu’il ne soit trop tard. Athimbod qui sera cantonné dans le Nord, sa carrière qui sera gâché. Avec son bras paralysé, il ne sera plus bon à rien, et sans toi à ses côtés, tu redoutes le pire. Alors y’a ton cœur qui se serre à cette pensée. À ce que vous deviendrez l’un sans l’autre. Non, ça n’arrive pas. Jamais. Tu ne les laisseras pas faire. Parce que contrairement à Athimbod, ta parole à toi, elle compte. Elle pèse plus que ce qu’ils imaginent. Et si jusqu’à présent tu t’es montrée des plus dociles, ça va changer. Parce qu’ils ne t’enlèveront pas Athimbod. Ni maintenant ni jamais. Qu’ils essaient, les fous, et ils s’en mordront rapidement les doigts. Ta mère le sait, le redoute même probablement, et elle serait insensée de l’ignorer. « Ils n’y arriveront pas, que tu souffles, les dents serrées. » Y’a la tristesse qui laisse place à la colère. À ce désir ardent de triompher de cette situation compliquée. D’écouter ton cœur pour enfin être heureuse.

Sa main contre ta nuque qui te pousse vers lui. Vos lèvres qui se cherchent et qui s’appréhendent dans un baiser qui résonne comme une promesse. Ils n’y arriveront pas, que tu te répètes, encore et encore. Ta détermination qui s’embrasse à mesure que le baiser se prolonge. Qu’il gagne en intensité et en profondeur. Vous allez vous battre, oui. Et vous allez gagner. Parce qu’il en vaut la peine, Athimbod. Quoi qu’il en pense. Quoi qu’ils en pensent. Tes mains qui se posent sur son torse, qui caressent cette peau trop longtemps fantasmée. Jusqu’à ce que vos souffles se coupent. Qu’ils se saccadent et que vous deviez reprendre vos distances pour mieux récupérer. Il te murmure alors qu’il en crèverait, d’être séparé de toi, t’avouant à voix haute ce que tu redoutais précédemment tout bas. Toi aussi, probablement, t’en mourrais. De te savoir condamnée à une vie privée de sa présence, obligée de survivre pour obéir et faire ce qu’on a toujours attendu de toi. Être une marionnette dont ta Mère tirerait les ficelles. Non, plus maintenant. Hors de question.

Épouse-moi. Tes orbes qui irradient face à cette demande. Qui fait écho à celle de Nikolaï. Mais ça n’a rien à voir. Y’aurait presque des larmes qui menacent de tomber sur le coin de tes yeux tandis que tu réalises ce qu’il se passe. C’est trop beau pour être vrai, que tu te dirais presque. Athimbod, ce garde du corps autrefois si froid et moqueur, qui à présent de te demande de t’épouser. Combien de fois, est-ce que tu as rêvé, de ce moment ? Ton sourire qui s’agrandit, transpirant de candeur et de sincérité. Jusqu’à ce qu’il te propose de partir. De t’enfuir pour vivre leur amour en secret. Et là y’a la bulle qui éclate, te faisant l’effet d’un retour à la réalité des plus brutaux. « J’aimerais tellement, que tu murmures, tes doigts quittant son torse qui caresser cette joue piquante. Mais c’est impossible. Qu’il en soit conscient ou pas, ce n’est que la simple vérité, aussi douloureuse soit-elle. Quand bien même on trouverait un prêtre pour nous marier ils trouveront toujours un moyen pour défaire cette union. Les An’Melhor sont puissants, trop puissants. Il ne faut pas se battre contre eux. Ou pas de cette manière, en tout cas. La stratégie qui s’affine dans ton esprit tandis que tu lui parles. Que tu lui expliques ta vision des choses et la manière dont vous allez vous y prendre. J’irai les voir, et je leur dirai la vérité. Ils le prendront mal, bien évidemment, et ils chercheront à me détourner de toi. Ils utiliseront surement le chantage, et pourquoi pas les menaces. Mais ça ne marchera pas, pour la simple et bonne raison que je suis la seule et unique héritière du Duché du Sud. Sans moi la dynastie des An’Melhor s’écroule. Alors quand bien même ils désapprouvent, ils ne pourront pas aller à l’encontre de mes désirs. » Ta deuxième main qui rejoint l’autre côté de la joue tandis que tu plonges ton regard dans le sien, le sondant jusqu’au plus profond de son âme. « Tu ne peux m’épouser moi sans épouser la Duchesse, est-ce que tu comprends ça ? Une pause, un silence, avant que tu n’ajoutes, Est-ce que tu es prêt à accepter les responsabilités qui vont faire de toi un Duc ? Parce que c’est ce qu’il va devenir, en glissant la bague à ton annulaire. Est-ce que tu es prêt à devenir une de ces personnes que tu as en horreur ? À mettre de côté ta carrière militaire pour embrasser celle d’un politicien ? Réfléchis-y bien avant de répondre, car je ne veux pas qu’avec les années l’amertume et le regret s’emparent de toi et que tu en viennes à me détester pour cette vie que tu n’as jamais voulue. » Qu’il en soit sûr et certain, car après il n’y aura plus de retour en arrière possible.     
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Athimbod Nimrithel
Athimbod Nimrithel

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DON'T GO AWAY YET
I'm not going anywhere anymore ft @Myria An'Melhor
Monte la ferveur et lui tourne l'esprit, Athimbod se perd au contact de la jeune femme à qui il a, enfin, dévoilé clairement ce qu'elle lui fait ressentir, ce besoin d'être à ses côtés chaque jour et jusqu'à la fin. L'idée même de la perdre ne l'en rend que plus passionné et son coeur manque un battement au contact de cette main fraîche sur son torse brûlant où Eirr est reine. Le Greyhand ne maîtrise plus rien mais, en cet instant, il serait incapable de juger qui de la rune ou de cette femme lui fait perdre la raison, lui fait envisager de fuguer avec elle, de fuir ce qui, dix ans durant, les a maintenus si loin l'un de l'autre alors qu'ils ne se quittaient pas d'une semelle. Mais, ce qui est sûr, c'est que l'aura si particulière de l'héritière ne suffit plus à lui faire conserver son sang froid, ce qui rend la douche froide d'autant plus glacée lorsque Myria se fait voix de la Raison.

Le souffle erratique, il fixe le fond de ses yeux, avec incompréhension d'abord. La seule solution qu'il ait vue pour leur permettre de vivre ensemble, soit vivre cachés, lui revient comme impossible. Son coeur se serre, s'arrête de nouveau, tout comme le temps autour d'eux, de lui qui cherche dans les prunelles de Myria la raison qui la pousse à le rejeter ainsi, à ne pas leur donner la moindre chance. Parce que, pour lui, c'est bien la seule qu'ils aient. Quoi qu'elle lui réponde pour lui faire prendre conscience de la dangerosité de son plan, il n'a envie que de lui répondre qu'ils peuvent toujours essayer, qu'il n'aura de cesse de la protéger et de protéger ce qu'ils fonderont pour que jamais on ne les sépare. Que la première âme qui essaiera de les atteindre goûtera de sa lame. Mais il ne dit rien, ses lèvres, pourtant entrouvertes, restent scellées. Parce que, au fond de lui même, derrière Eirr, derrière son impulsivité, derrière son désir de faire sa vie avec elle loin de tout ça, il sait qu'elle a raison. Et l'ombre s'installant dans son regard le dit pour lui. À mesure qu'elle lui expose ce qu'ils devraient endurer, les yeux du Greyhand s'abaissent, comme sa main qui quitte la nuque de Myria pour glisser le long de son bras et lui enserrer le poignet. Parce qu'il ne veut pas qu'elle lui échappe.

Tu ne peux m’épouser moi sans épouser la Duchesse. Ces mots font revenir Athimbod à lui. Ses yeux se braquent à nouveau sur celle qu'il convoite avec une détermination évidente. Pour l'avoir observé dix ans durant, il sait ce qu'implique le rôle de duchesse, tout comme il sait que Myria l'endossera parfaitement le moment venu. Il se sait, lui, capable de la suivre où qu'elle aille si tant est que ce qu'elle envisage soit un jour réalisable. Est-ce que tu es prêt à accepter les responsabilités qui vont faire de toi un Duc ? Ses sourcils se froncent alors qu'il prend conscience de l'impact qu'aurait leur union au grand jour. Une raison de plus pour vouloir prendre la tangente, mais celle qui lui fait face en est une, meilleure, de faire face à n'importe quel obstacle.
Le Greyhand demeure silencieux un instant lui paraissant une éternité alors qu'il réalise que ce qu'il affrontera n'a rien à voir avec tous les ennemis qu'il a pu vaincre, ou non, durant toute son existence. Accepter le plan de Myria, espérer qu'il réussisse, c'est aller au devant d'un univers lui étant totalement inconnu, mais tout autant jonché de pièges et d'adversaires.

❝La vie dont je ne veux pas c'est celle sans toi Myria.❞ Et, pour ça, il est prêt à toutes les concessions. Ou presque. ❝Et je suis prêt à toutes les responsabilités si c'est pour que tu sois...❞ un court instant, il semble perdu dans ses pensées, réalisant à peine ce qu'elle serait si les astres étaient avec eux, ❝ma femme...❞ À la douceur avec laquelle ils passent ses lèvres, on devine à quel point ces deux mots, pourtant si simple et si anodins, lui sont précieux. ❝Mais tu ne peux pas me demander de renier ce que je suis.❞ Un Greyhand, marqué de runes à en perdre la raison, un combattant n'ayant vécu que pour manier une épée. Alors, si il doit vraiment s'initier à la vie politique pour elle, s'il doit l'épauler, s'il doit apprendre à vivre dans un univers n'étant pas le sien, elle ne peut pas lui imposer d'oublier sa nature de combattant. Son appartenance à l'océan, elle aussi, pourrait être source d'inquiétude, de mépris, de la part des hautes sphères de Valarya, et il est tout autant inconcevable à Athimbod de renier les écailles qui ornent ses tempes. ❝La magie primaire m'a été accordée, je ne peux pas la parjurer...❞ Ses orbes azures désignent les runes laissées visibles sur ses bras et son torse malgré le bandage qui l'étreint. Il est trop tard pour lui, la magie fait partie intégrante de son être, et la faire taire ne mènerait qu'à des conséquences qu'il n'ose même pas imaginer. Et si tant est qu'il cherche, un jour, à y échapper, il sait dores et déjà qu'elle saura le retrouver et se manifester à lui, dans le meilleur des cas. ❝Plus maintenant.❞


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Myria An'Melhor
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✧ Idéologie : (pro-couronne) c'est grâce à cette dernière qu'elle peut vivre sa vie convenablement. s'il devait y avoir une révolte, elle aurait la tête coupée, alors autant soutenir le bon camp.

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Il apparait, cet éclat de déception, dans le regard d’Athimbod quand tu lui dis que fuir est impossible. C’est la solution de facilité, et c’est vrai qu’elle est avantageuse. Tu serais prête à tout donner, ou presque, pour t’y adonner. Pour partir, t’enfuir, mettant ta famille et la Capitale loin derrière vous. Ne plus avoir à te soucier des futures responsabilités qui vont t’être affublées, ne plus avoir à craindre pour ta vie à cause des Révolutionnaires qui ont décidé de mettre un contrat sur ta tête, ne plus avoir à errer dans le Palais des Astres et à côtoyer tous ces nobles qui n’ont de cesse de faire des courbettes et des faux sourires pour attirer ton attention. C’est épuisant, cette vie. Mais c’est ta vie. Et malgré toutes les bonnes intentions d’Athimbod, vous ne pourrez vous en échapper. Au mieux pourra-t-il la rendre plus légère, plus facile, en acceptant d’être à tes côtés. Mais fuir ne ferait de vous que des lâches, et ne servirait à rien si ce n’est repousser l’échéance en vous attirant bon nombre de problèmes supplémentaires. Parce qu’ils vous retrouveraient, où que vous alliez, et que la sentence n’en serait que plus forte si tu agissais de la sorte. Alors même si c’est pas le choix le plus facile, même si ça promet des complications et des confrontations avec ta famille et Nikolaï, ça semble être le choix de la Raison. Et si Athimbod ne pipe mot, c’est qu’il s’en rend compte lui aussi et qu’il l’accepte, tant bien que mal. Ça sera le prix à payer pour vivre à tes côtés, non plus comme un garde du corps à sa Duchesse, mais comme un Duc à sa femme.

Il tique, quand tu lui demandes s’il est prêt à devenir un Duc. Semble se rendre compte de ce que son amour à ton égard signifie. Ce que t’épouser va lui incomber. Athimbod est un enfant du peuple, un Triton, de surcroit. Il ne connait rien du monde de la noblesse, n’a fait, jusqu’à présent, que l’observer de loin. De savoir qu’il devra s’y confronter, et s’y fondre… C’est tout un nouveau monde qui s’ouvre à lui, et pas des plus reluisants. Quand bien même ils réussiront à convaincre ta famille et que les fiançailles seront rompues avec Nikolaï, cela n’empêche pas que le plus dur sera à venir quand il faudra confronter Athimbod, fraichement devenu Duc, face aux autres nobles qui n’en seront que plus carnassiers et vindicatifs à son égard. Ils tenteront de l’amadouer, de le manipuler, pour mieux profiter de son ignorance et de sa candeur et ainsi le trahir et lui planter une dague dans le dos le moment venu. Athimbod est un soldat, il fait ce pourquoi il a toujours vécu : se battre. Mais à la Cour les adversaires ne sont pas en armure, avec une épée à la main, ils ne se battent pas à la loyale. Et ça il faudra qu’Athimbod l’assimile le plus rapidement possible s’il ne veut pas y perdre des écailles.

Alors vous y voilà. Devant ces négociations qui finiront par sceller votre destin. Après de longues secondes de réflexion, il t’avoue que devenir un Duc ne lui fait pas peur. Qu’il est prêt à endosser toutes les responsabilités si cela lui permet de rester à tes côtés. Y’a un doux sourire quand il te qualifie comme sa femme. Ça résonne tellement bizarrement entre ses lèvres, ça parait tellement irréaliste, et pourtant… Ta main qui a quitté sa joue pour aller se loger dans la sienne et ton pouce qui caresse doucement sa paume comme pour le conforter dans cette idée. Oui, tôt ou tard, tu seras sienne. Pour le meilleur et pour le pire. Mais quoi qu’il arrive, vous le traverserez ensemble. Ton sourire qui se teinte de tristesse quand il te dit que tu ne peux pas l’empêcher d’être qui il est. Ça tu le sais pertinemment, d’où ton petit laïus. Tu connais assez bien Athimbod pour savoir que la vie de Duc ne lui conviendra pas. Qu’il se fiche bien des titres, des minauderies et de toutes ces histoires de politique. Qu’à trop côtoyer les autres nobles il en deviendra aigri, si ce n’est fou. Il t’explique ensuite que la Magie Primaire est en lui et qu’il ne peut la parjurer. Tu comprends très bien cela, même si ça te parait encore abstrait. « Qu’est-ce que tu proposes dans ce cas ? que tu souffles donc avec douceur. » Tu ne connais pas assez le milieu des Greyhands et des runes pour pouvoir avoir une proposition fiable à lui faire. Mais s’il t’en parle, alors c’est que lui, il a une idée, n’est-ce pas ? Au cas où il n’en est pas, tu ajoutes, « Il existe bon nombre de nobles qui exercent une activité en lien avec les armes. Otto qui est Ministre de la Guerre, Nikolaï qui est chef de la Garde Royale… J’imagine qu’avec ton titre tu pourrais toi-aussi trouver une place qui saurait employer tes capacités à bon escient. Tes orbes qui se fondent dans les siennes, qui réfléchissent en même temps qu’elles analysent ses pensées. Je pourrai gérer le Duché seule, ce n’est pas un problème. À l’image de mon Père, la plupart ne sont pas des régents très assidus et toute la gérance est en général entre les mains de la détentrice du titre… » C’est une redondance qui se voit dans la plupart des familles nobles ; l’époux est en général relégué à un trophée qu’on expose et qui n’a, au final, pas une grande importance au sein de ses terres, si ce n’est un rôle figuratif. C’est bien dommage dans la plupart des cas, mais au moins cela rendra surement la vie plus facile pour Athimbod qui n’aura pas à apprendre à gérer un Duché. Ou juste dans sa globalité, sans tous les petits détails ennuyeux.
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