MISSION 3 + INTRIGUE À LA COUR

Lovell ne passe pas particulièrement une bonne soirée, mais elle n’est pas catastrophique non plus. Il reste auprès de sa jeune sœur, sa Reine, une coupe de champagne en main, lui racontant diverses histoires pour la divertir. Eleryn passe déjà assez de temps comme ça avec ses conseillers, à traiter d’histoires qui ne devraient pas concerner une enfant de son âge, alors le jeune Prince peut au moins faire de son mieux pour lui faire oublier sa position quelques minutes. Paré de ses plus beaux atours, maquillé pour cacher ses hématomes, et coiffé à la mode du temps, Lovell ne se reconnait pas quand il aperçoit son reflet dans les divers miroirs disposés dans la salle. Il ne sent pas plus à sa place ici qu’ailleurs, alors qu’il à grandi entre ces murs, dans cette atmosphère guindée et distinguée, miroitante de joyaux et de luxe.

Tandis qu’il replace délicatement la couronne d’Eleryn qui glisse sur sa tête - car bien trop grande pour elle ; le jeune prince remarque des domestiques au comportement suspect. Ils ont l’air anxieux, et ne restent pas invisibles et présents, comme se doit de le faire tout domestique lors d’une telle réception.  Légèrement paranoïaque lorsqu’il s’agit de la sécurité de sa petite sœur, il lui glisse discrètement quelques mots, l’intimant de rejoindre Nikolaï sans poser de question. Si la jeune Reine n’aime pas plus que son grand frère qu’on lui donne des ordres, elle obéit sans rechigner et rejoint son aîné. Lovell cherche alors la crinière blonde de Myria dans la foule. Il ne veut pas inquiéter sa famille pour le moment, car il souhaite qu’Eleryn passe une bonne soirée, mais il à besoin de savoir si sa future belle-sœur à également remarqué quelque de chose d’étrange chez les petites mains orchestrant la soirée de ce soir. Quand il la trouve enfin, il fait glisser dans sa main une coupe de champagne qu’il a attrapé au passage sur une table, et s’excuse auprès des invités avec qui elle discute de leur voler sa compagnie. Sans cérémonie, il lui demande : « Tu as vu les domestiques là-bas… » Mais en cherchant à lui indiquer du menton les dits suspects, il s’aperçoit qu’il n’y à plus personne. Lovell épie alors la foule du regard, mais n’aperçoit aucun des uniformes de servants de la cour. Prenant la main de son amie dans la sienne, le jeune prince se rapproche suffisamment de la duchesse pour que les autres convives n’entendent pas la phrase suivante : « Myria, il se passe quelque chose, mais je ne sais pas encore quoi. J’ai besoin que tu gardes un œil sur Eleryn… »

Et sans lui laisser le temps de répondre, il se dirige droit vers le couloir à côté de la salle de réception, bousculant quelques nobles grassouillets et éméchés au passage, s’excusant à peine.

Les choses s’enchaînent rapidement. Dans un premier temps, Myria qui refuse ce qu’il lui demande et le suit, puis les deux silhouettes qui se détachent distinctement sur la tapisserie du couloir, visages reconnus mais d’inconnues, tandis qu’il répond à la blonde : « Je ne dis pas ça pour ça, j’ai juste confiance en toi, et je… » s’arrêtant en pleine phrase en les apercevant. Son amie pose alors à voix haute la question qui lui brûle également les lèvres : « Qu’est-ce qu’il se passe, ici ? »

Il reconnait les deux jeunes femmes comme des membres de la noblesse, famille O’Vanda et An’Oceanora ; et répond à leurs révérences par un poli hochement de tête, trop préoccupé par la situation actuelle pour vraiment porter attention à la mise en forme de leurs présentations. « Ce n'est donc vraiment pas une fête surprise pour notre reine, n'est-ce pas ? » dit la cadette O’Vanda. Le Prince secoue la tête négativement, et écoute la suite de ses propos, jouant nerveusement avec sa chevalière, ses doigts encore endoloris malgré les soins de sa femme de chambre : « Nous ne savons pas où ont bien pu disparaître les domestiques, mais si même vous l'avez remarqué, ce ne peut être de bon augure. Il faudrait peut-être que quelqu'un reste aux côtés de la reine, qui soit au courant de la situation. » Lovell acquiesça à nouveau, lançant un regard à Myria comme pour lui intimer ses peurs, et considéra la jeune femme quand elle ajouta : « Je peux me porter volontaire. » Il aurait préféré confier une telle charge à une personne plus proche de sa famille, mais ils se faisant rare ces derniers temps, et alerter la garde aurait mit un terme à cette soirée, renforçant l’idée que royauté est réellement menacée. Après tout, il sait la jeune femme proche de Myria, elle ne doit donc pas avoir de mauvaises intentions. « Pourquoi ne pas faire deux équipes ? Une qui pourra surveiller la reine au cas où quelque chose se passerait, et une autre qui pourra essayer de comprendre ce qu'il se passe ? Ou alors, nous partons tous à leur recherche… Ce serait plus prudent de rester par deux que de partir chacun de son côté, non ? » ajouta celle qui de mémoire, est la cousine de la précédente. Le cerveau du jeune Prince tourne aussi vite que les hélices d’un dirigeable, essayant d’analyser la situation et d’anticiper tous les scénarios possibles pouvant attenter à sa sœur. « Peut-être que vous avez une autre idée pour savoir ce qu'il se passe avec les domestiques ? ». S’il était attendu de lui qu’il soit sincère, il aurait répondu que non, mais de sa position, il devait donner l’impression d’avoir les choses en main, de tout contrôler. Il arrête alors de jouer nerveusement avec sa bague, et prends une grande inspiration avant d’ajouter : « Je vous remercie de vous porter volontaire pour veiller sur Eler… La Reine. Je pense en effet que si l’on trouve où sont passé les domestiques, il faudra peut-être prendre certaines mesures dont je vais me charger personnellement. » Se tournant vers Myria, il continua : « Et vous avez raisons, rester par deux est plus sûre. Je vous laisse donc retourner dans la salle, tandis que la Duchesse An’Melhor et moi-même allons parcourir le palais à leur recherche… cela vous convient ? ».

Les deux jeunes nobles retournent dans la salle de réception, tandis que le Prince et la Duchesse s'en vont vers les cuisines, suite à la proposition de cette dernière. D'un pas rapide, ils déambulent dans les couloirs, s'enfoncent dans les profondeurs du palais, dans la partie réservée aux domestique, où toute l’effervescence de l'organisation d'un tel événement doit étre à s'activer. Entre deux couloirs aux rangées de tableaux d'ancêtres Valarÿn oubliés, Myria demande : « Tu penses que c’est un piège ? Qu’ils prévoient une attaque contre la Reine ? ». Lovell ne sait pas quoi répondre. Il voudrait dire non, mais il ne veut pas lui mentir. Il cherche les mots qu'un prince devrait dire dans ce genre de moment, mais ne trouve que ceux d'un grand frère : « Je ne sais pas... Mais au moindre truc louche, on prévient la garde. S'il arrive quoi que ce soir à Eleryn, je... » Je m'en voudrais toute ma vie, sont les mots qu'il ne prononce pas. Mais Myria et lui sont assez proches pour qu'il n'ait pas besoin d'exprimer à voix haute sa faiblesse : elle le sait.

Le jeune homme palpe sa veste pour en sortir une petite dague modeste, qu'il glisse dans sa manche : Cette lame est la continuité de ta main, ne jamais t’en défaire, sous aucun prétexte ; lui a un jour dit Sirius. Son mentor lui à au moins enseigné quelque chose que le jeune homme à retenu. Mais ce n'est pas le moment de penser au fait que ce dernier serait plus ou moins fier de lui. « Tu sais ce que tu dois faire si ça dégénère ?  », demande Lovell, préférant prendre des précautions maintenant, s'imaginant mille scénarios où les rebelles auraient réussi à entrer et à se faire passer pour des domestiques. Il visualise déjà les supplices et autres tortures qu'il leur ferrait endurer, en Prince peu gouverné par la raison. Il aurait fait un très mauvais Roi, trop émotionnel.