(virkil) - everyone's a whore, we just sell different parts of ourselves.

Pseudo / Nom : Camille, ici Beetlejuice... again. Âge : Toujours 21 ans. Comment as-tu connu TOC ? : C'mon DC, alors... Un avis, une suggestion ? : Vous êtes toujours les plus bow. J'autorise le staff à reprendre mes idées (si vous rédigez une Guilde ou une famille) s'il le juge nécessaire pour le bon déroulement du forum. Crédits : pinterest pour les icons, pando pour l'ava. Petit mot de la fin : je suis faible.

( 1477 ) — Virkil, c’est un bébé sans nom - le genre de nouveau-né laissé aux escaliers d'un orphelinat, sans indication. Il est né dans l'obscurité, entre deux souffles d'un mois d'ancien été, et a retrouvé la chaleur des bras de sœurs aux cœurs prêts à s'enneiger. Au refuge des trois matronnes, il est le bienvenu ; car c’est là que finissent les gamins anonymes, les bambins dont on ne veut pas. Et à l'orphelinat, Virkil devient l'enfant roi. Celui à la gueule d'ange, qui jamais ne dérange. Calme, silencieux, souriant, avec juste un goût prononcé pour l'étrange. Il rit à s'en tordre la voix, hurle jusqu'à faire perdre aux éducatrices leur bonne foi. Il est le monstre de toutes les émotions, exacerbées - une bombe à retardement aux sourires à damner. Il est charmant, le mioche. Mais jamais adopté. Ou alors, rapidement abandonné. Une semaine pour tester, puis on demande à être remboursé. Il est trop singulier, Virkil. A ne parler que par énigmes, à observer le ciel sans s'arrêter, à ne jamais vouloir faire d'efforts. Fatigant, l'enfant, qu'on lui dit. Impossible à éduquer. Impossible à plier. Impossible à aimer.

( 1490 ) — Il grandit. Il grandit si vite que c’en est ridicule, mais il est toujours perché sur ces sabots qui claquent contre le sol. Il devient ce gamin turbulent, aux mille farces, qui agace. Il parle pour faire l’intéressant, il en devient presque arrogant - voyez comme si jeune, il a déjà trop de répondant. Il lit énormément, s’intéresse à tout, et surtout à la musique. Il se révèle un talent de virtuose inexpliqué, qui anime ses journées. Il passe d’un instrument à l’autre avec une déconcertante facilité ; mélomane qui s’ennuie, il ne se vante pas encore de ses talents. Il fait ça pour s’amuser, qu’il dit - ça n’est rien de bien important. Rien de suffisamment grand pour lui, qui aime entendre parler des guerres, des conflits. Lui qui s’intéresse à ce qu’étaient les gens de son espèce. Ce à quoi ressemblait le monde lorsqu’il était animé de magie, de cette magnifique essence intemporelle ; mais elle est perdue. Ce fluide invisible s’est évanoui, grignoté par l’humanité, par le contact avec la civilisation. Parfois, Virkil se surprend à découper des cornes dans des morceaux de bois, pour les coller sur ses tempes - juste pour voir ce que ça ferait.

( 1493 ) — Virkil a seize ans. Il n’a plus sa place à l’orphelinat ; l’éternel inadopté se fait jeter dehors. Il s’en fiche, Virkil, il a toujours rêvé de cet avenir loin des murs de la pension. Il prend son maigre baluchon, et il découvre la ville. Il ne sait pas vraiment où dormir, ni où se reposer, mais il s’en moque ; il profite de sa liberté. Il ne donne aucune nouvelle à celles qui l’ont recueilli, et traitez le d’ingrat si vous le souhaitez, il n’en a que faire des insultes dont on peut l’accabler. Dans les rues, Virkil fait bonne impression, et ça n’a rien d’incompréhensible. Le soleil frappe si bien ses boucles cuivrées, embrasse sa peau en lui laissant quelques tâches de rousseur qu’il est fier de laisser frimer. Il est beau, et il n’essaye pas de le cacher. Une allure qui l’aide à s’en sortir pour ces premiers temps d’indépendance. Il profite de l’hospitalité des dames, des messieurs, mais s’en va si vite les lendemains de crèche. Il les remercie en jouant de quelques instruments, animant les soirées et les dîners. Il est ce jeune satyre qui inspire à l’ailleurs, et il s’en délecte. Il se souvient notamment d’une belle bourgeoise, du nom d’Aliénor ; femme d’artiste souvent absent dans ses délires fantasques, âgée d’une belle trentaine d’années. Elle l’autorise à rester dormir chez elle, dans la chambre d’ami, en échange de sa bonne compagnie. Et il accepte, Virkil, parce que ce n’est qu’un vagabond citadin et qu’il accueille volontiers tous les draps qu’on veut bien lui tendre. Le problème, c’est qu’Aliénor, elle ne se contente pas de ses concerts pour se payer son hospitalité ; elle veut l’entendre chanter. Elle veut le voir tenter de l’amuser. Elle le montre comme un trophée, et Virkil se dit que ça lui va, que de toute façon, ça ne durera pas. Qu’il contrôle la situation, que c’est lui le maître de cet échange de bons procédés ; flatter l’égo d’une femme abandonnée pour pouvoir avoir un abris et de la nourriture à ingérer. Même lorsqu’un soir, elle se glisse dans son lit. Même s’il ne dit pas oui. Même s’il n’a que seize ans et qu’il tremble, qu’il ne comprend pas trop, mais qu’il se laisse faire parce qu’elle lui dit que son mari est absent, qu’elle s’ennuie, que sa présence lui fait du bien. Qu’il lui doit bien ça, pour tous ces repas offerts, ces nuits passées sous un toit.
Et il ne dit toujours pas oui.
Mais il ne dit pas non, non plus ; alors c’est sûrement qu’il l’a secrètement voulu.
Et a-t-on déjà surpris un satyre à faire le difficile ? A un garçon à refuser la caresse d’une main habile ?

Il ne dort plus beaucoup, depuis. Il est reparti le lendemain, sans savoir où poser les yeux. Certainement pas face à un miroir.
Pour la première fois, Virkil se trouve hideux.

( 1499 - 1502 ) — Virkil a abandonné. Il s’est abandonné. Sur le chemin de la perversion, il s’est égaré. Il est devenu exactement ce que les gens s'attendent à voir en lui lançant un coup d’oeil - un satyre pourri de luxure et d’orgueil. Il use de sa beauté, parce qu’il n’a que ça à donner aux à ceux qui ne comprennent pas qui il est, et il récupère ce qu’il peut de son côté. Il s’est rendu compte qu’il est doué pour soutirer des informations, voler des secrets en plus des petits objets qu’il dérobe à la volée ; ses mains sont douées. Il accumule les trésors, les confidences et les péchés. Il fait de ses vices son fond de commerce, malgré sa profession de luthier qu’il a commencé à exercée avec passion et application. Il fait de son physique, de sa nature un instrument, une vitrine ; il abuse de tout. D’alcool, de légèreté, de corps. Il se dit que c’est ce que les gens veulent voir, ce qu’ils attendent en passant près de lui, alors, trop généreux, il leur donne ce dont ils ont envie. Il est cette figure exotique, solaire, emblématique d’une race trop souvent blâmée pour ses déviances. Il s’en fiche, il en tire profit ; et il se moque de toutes ces mains qu’il tient, de toutes ces bouches qu’il embrasse et de tous ces lits qu’il fait grincer. Il essaie parfois de trouver une étincelle de vie dans ce qu’il fait, mais il ne se confronte qu’à la lassitude, à la défaite, et parfois à la mélancolie. La vérité, c’est que Virkil est devenu un garçon bien sombre, lorsqu’il ne brille pas sous la lumière de l’attention générale. Satyre au cynisme cinglant, tranchant, mordant ; il déteste la vie aussi bien qu’il apprend à se détester lui. Il troque ses éloges contre un nihilisme accablant - il n’a envie de rien. Même lorsque le Serment de l’Ombre vient le chercher pour ses talents dans le larcin, il n’accepte que par caprice. Pour essayer de donner un sens à ses jours qui se ressemblent trop. Il se demande si un jour, il arrivera à voler du bonheur. Mais même ça, il pourrait le gâcher ; même ça, il pourrait le ternir.

Alors, en attendant, Virkil continue de se montrer, de faire la bête de foire. Il sourit, il rit, il séduit.
Il attend que tout soit fini.

Cette plume, ce personnage, j'aime.

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