Always one step from grace ♟ Ikshän

Pseudo / Nom : Paigie. Age : 23 printemps. Comment as-tu connu TOC ? : Les coupables se dénonceront. Un avis, une suggestion ? : réponse ici. Crédits : Moose. Petit mot de la fin : Le forum est magnifique   ça a pris un peu de temps pour venir à bout des annexes, mais tout y est super bien expliqué. Merci pour tout le boulot que vous avez mis là dedans !

« Tu l’as trouvé, Ikshän, alors tu en es responsable. » Tu parles d’une partie de plaisir. Ikshän ne trouve pas ça très juste ; il a déjà fait sa partie du travail en sortant la sirène de l’eau froide et en le ramenant jusqu’à chez eux, non ? Alors faut-il en plus qu’il joue aux apprentis croque mort ? C’est que l’autre garçon ressemble plus à un cadavre qu’autre chose, à ce stade. Pourtant, entre le savoir et se l’entendre dire, il y a un monde de différence. « Je comprend pas pourquoi tu râles autant. Il va vite mourir de toute façon, tu seras libre bientôt. » Il ne sait pas vraiment pourquoi ça l’éneverve autant, surtout quand il était celui qui se plaignait de ne plus avoir le droit de sortir avec ses amis et d’écoper de corvées supplémentaires. « Surtout avec Ikshän en guise d’infirmière. Il a zéro chances ! » « Vous êtes des imbéciles, vous le savez ça ? » Sans s’expliquer, il finit son verre de bière et quitte la petite taverne du village. Cette foutue sirène va ouvrir les yeux, fois d’Ikshän !

Il n’y a pas beaucoup de livres au village, encore moins des livres qui parlent des premiers soins à apporter à une sirène. Alors il les a rassemblé dans la chambre qu’il partage avec l’inconscient du jour et il applique aux mieux les indications. Il rajoute une couverture, quitte à avoir froid la nuit, il parle à l’inconnu et il prépare du bouillon de poisson qu’il garde au chaud au dessus des braises. Ikshän fait de son mieux, parce qu’il est têtu, et qu’il refuse d’avoir tort. (Il refuse de voir quelqu’un mourir. Encore plus dans sa chambre.)  « Je suis mort ? » De toute évidence, il a bien fait les choses. « Tu as failli, mais c’était sans compter sur mon génie. » « Je… me suis pas noyé ? » La question le fait rire. Il ne s’y attendait pas, mais l’autre garçon a de l’humour. « Bien sûr que non ! Tu es une sirène, comment tu pourrais te noyer ? »

Mourir d’ennui, ceci dit, c’est une possibilité. Il n’y a pas grand chose à faire dans ce tout petit village de pêcheurs et les garçons trouvent donc le moyen d’inventer bêtises après bêtises. Quand ils ne sont pas en train de faire les quatre cents coups, Ikshän apprend à son ami à lire, parce que c’est un moyen comme un autre de s’occuper, et son ami lui apprend quelques tours de mains. Le destin semble tout tracé : prendre la relève des parents d’Ikshän, pêcher pour un maigre salaire, devenir trop vieux pour repartir en mer. Ça n’enchante guère Ikshän. Lui, il n’a qu’un rêve, celui de partir à l’aventure et de se faire une fortune. Il faut se méfier de ce qu’on désire. Sa mère tombe malade, gravement, et les médicaments sont trop chers pour leurs maigres moyens. Il n’y a pas trente six mille solutions et Ikshän part sur les routes, direction la capitale, direction les petits boulots minables, direction les responsabilités à foison. Heureusement, il n’est pas seul car son meilleur ami l’accompagne, ce garçon qu’il a sauvé il y a déjà quelques années.

Durant quelques années, tout va bien. Ils enchaînent les jobs, ils rencontrent d’autres jeunes gens dans la même situation qu’eux, ils font quelques poches à l’occasion. Puis c’est facile. Voler est rentable, la sirène a déjà de l’expérience et n’hésite pas à montrer à Ikshän ce qu’il a besoin d’apprendre. Ils ont assez pour que sa mère puisse se soigner, mais ça ne suffit jamais, pas vrai ? Bientôt ils n’ont plus à craindre le froid mordant de la nuit ou les grognements de leurs estomacs : ils ont quelques ennuis, mais jamais rien de sérieux. Jamais rien qu’un coup de poêle ne saurait régler. Ils ont la belle vie et jamais Ikshän n’aura à mettre les pieds sur un foutu bateau. Il en profite tant qu’il peut, il s’enivre de cette existence où il n’a pas à surveiller la moindre de ses piécettes, où il peut offrir du pain à des enfants qui crèvent la faim dans une ville où tout le monde s’en fiche et où il peut acheter des bouquins, pour lui et pour son ami, juste pour le surprendre et admirer la façon dont ses pommettes rougissent.

Et il a raison, de profiter, parce que toutes les bonnes choses ont une fin. La leur commence avec une idée bidon, un des leurs qui s’est trop monté le bourrichon et refuse d’entendre raison. Après, ce sont les représailles et le sang -tellement de sang- qu’Ikshän parviendra à essuyer de ses mains mais jamais de ses vêtements ni de sa mémoire. Il ne comprend pas ce qu’il s’est passé, ne le saura surement jamais avec certitude, et il ne peut pas continuer comme ça. Il ne peut pas risquer sa vie et encore moins risquer de perdre d’autres personnes chères à son coeur. La sirène et lui prennent des chemins différents, il était apparemment temps. Il parait qu’on ne peut pas vivre longtemps sans aucun regret et Ikshän l’apprend, parce qu’il en est désormais rongé. S’il était resté avec les plus jeunes du groupe, s’il avait fait plus attention, s’il leur avait rappelé d’être plus prudents, si tant de choses encore.

Désormais, Ikshän est loin du jeune homme téméraire de l’époque. Il est suspicieux et sage, il laisse de côté ses excès et ses rêves de richesses. Cocher sans histoires, palefrenier occasionnel, il garde juste assez de l’argent qu’il se fait pour avoir un toit et de quoi manger, le reste étant envoyé à ses parents vieillissants. Il ne se mêle plus de politique ou de guerres d’influences, il garde la tête basse et se contente d’aider ceux dans le besoin, quand il le peut et que ça ne le met pas en danger. Il a encore quelques coups d’éclat, car on ne change pas sa nature si facilement, et qu’un joueur bagarreur ne reste jamais tranquille bien longtemps. Mais il a eu de la chance dans son malheur. Il a trouvé le Lys Blanc et il a pu mettre son énergie à quelque chose de plus utile : il dévore les livres et en écrit quelques uns, activité pour le moins cathartique. Ikshän a un train de vie bien répétitif. Ça, c’est sans compter les fantômes du passé.

Ce ship qui promet, hâte de lire vos retrouvailles.   Amuse-toi bien avec nous !  

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